Le nouveau septennat a coïncidé avec l’érection d’une nouvelle élite autour du chef de l’Etat, majoritairement issue de la province du Haut-Ogooué. Une démarche très mal perçue par le commun des Gabonais, à l’heure où Ali Bongo promeut l’«égalité des chances».
Parmi les débats de fond ayant cristallisé les attentions lors du dernier septennat, figure en bonne place celui de la «légion étrangère». Sujet tabou au sommet de l’Etat, la question n’en était pas moins abordée dans les quartiers, ou encore au sein de l’administration. Symbolisée par l’ancien directeur de cabinet du président de la République, cette «légion étrangère» cristallisait attentions et crispations.
En effet, certaines informations laissaient entendre que les composantes de ce «groupuscule» avaient réussi à museler le chef de l’Etat, au point que ce dernier était devenu inaccessible, ou presque, pour ses collaborateurs gabonais. De sources concordantes, cette légion étrangère aurait ainsi tiré des bénéfices de cette situation en créant, par ailleurs, des réseaux allant du gouvernement aux plus hautes administrations de l’Etat.
Depuis quelques mois cependant, précisément peu avant l’élection présidentielle, la «légion étrangère» n’a plus fait parler d’elle, du moins plus comme avant cette échéance. Un affaissement coïncidant avec le «départ» de Maixent Accrombessi, le très contesté ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat. Cet étiolement a été contrebalancé par la constitution d’une nouvelle légion autour du chef de l’Etat, dont les composantes sont majoritairement issues du Haut-Ogooué, province dont est originaire Ali Bongo.
La fine fleur de cette nouvelle légion est symbolisée par la présence au cabinet du chef de l’Etat, du directeur de cabinet et son adjoint, ainsi que du chef de cabinet, tous originaires du Haut-Ogooué. A l’instar de la «légion étrangère», la «légion altogovéenne» s’est empressée, elle aussi, à museler le chef de l’Etat, érigeant une sorte de cordon de sécurité autour de lui. Comme sa devancière, elle tisse déjà sa toile dans la haute administration. Selon certaines sources, ses réseaux n’auront pas de difficultés pour essaimer dans l’ensemble des sphères du pouvoir où la province du Haut-Ogooué est surreprésentée. Nombre d’anciens plus proches collaborateurs d’Ali Bongo, sous le précédent septennat, affectés dans d’autres administrations, éprouvent toutes les peines du monde à s’approcher du président de la République.
Une situation fortement décriée par certains analystes qui estiment que le pays ne peut pas sortir de la dictature de la légion étrangère, pour retomber dans une autre, alors que le chef de l’Etat promeut l’«égalité des chances». Cette remontée en puissance de la province serait, pour d’autres, une sorte de récompense pour le score réalisé par le Haut-Ogooué lors de la dernière présidentielle. Une récompense qui s’écarte de l’idéal républicain tant prôné par Ali Bongo lui-même.