Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Économie
Article
Économie

Crise économique : Quelles mesures d’austérité pour le Gabon ?
Publié le mardi 27 decembre 2016  |  Gabon Economie
Ali
© Autre presse par DR
Ali Bongo Ondimba
Comment



Le recours au Fmi pour sortir le pays du marasme économique actuel doit s’appuyer sur des réformes judicieuses qui tiennent compte des spécificités propres au Gabon.

La principale décision prise par les dirigeants de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) lors du sommet extraordinaire tenu à Yaoundé le 23 décembre dernier va longtemps faire parler d’elle. Les chefs d’Etat ont estimé nécessaire d’ouvrir et de conduire des négociations avec le Fonds monétaire international (Fmi) pour mieux structurer les efforts d’ajustement de leurs Etats, les accompagner vers une sortie de crise et les aider à mettre en place les conditions d’une relance vertueuse et durable de leurs économies. En langage simple, il est préconisé la mise en œuvre de nouveaux programmes d’ajustements structurels pour ces pays dont la situation économique est fragilisée.

La préoccupation actuelle est de savoir comment sera implémenté ce plan d’austérité dans ces pays. Les structures économiques de ces Etats n’étant pas uniformes, on ne saurait leur appliquer des politiques d’austérité identiques. C’est d’ailleurs les réserves émises par la plupart des économistes qui se rappellent invariablement les programmes d’ajustement structurel mis en place dans les années 1990 de manière quasi-uniforme et qui ont royalement échoué à atteindre leurs objectifs. D’ailleurs, le président Ali Bongo Ondimba l’a rappelé au sortir du sommet de Yaoundé. « Les situations entre les pays ne sont pas forcément les mêmes, donc les différents contacts et réunions que nous aurons avec le Fmi vont pouvoir être spécifiques et déboucher sur des programmes qui seront pratiquement sur mesure pour chaque Etat », a soutenu le président gabonais.

Le pays est actuellement frappé par une crise sévère, principalement due à la dépendance de son économie au pétrole, qui représente environ 40% de ses recettes et 80% de ses exportations, et dont les cours mondiaux ont malheureusement chuté depuis 2014. Avec les mesures de diversification engagée depuis le précédent septennat, les résultats sont encourageants (le manganèse et la transformation du bois sont en pleine expansion) mais les effets ne sont pas encore perceptibles. Le taux de croissance est passé de 4,3% en 2014 et devrait se situer à 3,2% cette année, selon les dernières prévisions. En fait, les données macroéconomiques du Gabon, si elles semblent défavorables, seraient plutôt favorables à des ajustements moins drastiques que ceux que le Fmi a eu à imposer aux Etats africains il y a un peu plus de 20 ans.

Un économiste gabonais recommande en tout cas à l’Etat, même si c’est sous le contrôle du Fmi, de se limiter à une « austérité ciblée et intelligente ». Pour Mays Mouissi, cela passerait par la mise en place des politiques de relance, d’investissement et de soutien à l’économie plutôt que des politiques draconiennes d’austérité très prisées par le Fonds et qui ont toujours connu des échecs. En clair, l’Etat gabonais pourrait penser, dans un premier temps, à réduire son train de vie. Dans la loi de Finances 2016 portant budget de l’année 2017, le gouvernement a prévu de réserver environ 60% de ses recettes pour les dépenses de son fonctionnement de l’Etat. Ce qui est énorme pour un pays en quête d’investissements pour son développement.

L’un des ingrédients pouvant rentrer dans la recette de l’austérité est la réforme des systèmes fiscaux afin d’améliorer la collecte des impôts, mais aussi de limiter les dépenses fiscales, énormes pour le pays, et n’a eu de cesse de dénoncer le FMI. Les recettes fiscales au Gabon ne sont pas encore élevées, malgré les niches potentielles. Réformer le système fiscal permettrait donc à l’Etat de gagner plus d’argent pour le réinjecter dans l’économie à travers les investissements. Autre proposition: la nécessité pour le Gabon de revoir son système de subventions. Celles-ci doivent être ciblées et ne toucher que celles qui ont une utilité sociale avérée et prioritaire. Il n’est pas en effet judicieux d’accorder à tout va des subventions qui tombent dans les caisses de certaines structures qui, en réalité, n’en ont pas besoin. Enfin, il est proposé de limiter les dépenses d’investissements aux seuls projets structurants et sociaux. Cette recommandation a d’ailleurs souvent été faite par la Banque mondiale et le Fmi selon qui le ciblage objectif des projets est plus à même d’apporter un développement inclusif dans un pays comme le Gabon.

En définitive, lors des négociations qui vont certainement s’ouvrir dans les prochaines semaines entre le Gabon et le Fmi, la partie gabonaise est appelée à veiller à ses intérêts et surtout ceux des populations. Chaque mesure prise devra tenir compte des spécificités propres au pays. Le Gabon ne présente pas les mêmes caractéristiques que le Cameroun, par exemple, et son économie ne traverse pas la crise de la même manière que la Guinée équatoriale.
Commentaires


Comment