Depuis plus de quatre mois, le leader du Rassemblement national des bûcherons, l’une des plus vieilles formations de l’opposition gabonaise, s’est mis en retrait du débat politique. L’ancien compagnon de Paul Mba Abessole aurait-il décidé, à 75 ans, de quitter définitivement la scène politique ? Il est en tout cas l’un des grands absents du Dialogue national pour l’alternance…
Quatre mois déjà ! Inaudible ! Invisible ! On ne le voit plus. On ne l’entend plus. Pierre-André Kombila, président du Rassemblement national des bûcherons (RNB), s’est brusquement éclipsé de la vie politique nationale. Cet homme qui avait mis tous ses efforts dans le combat judiciaire pour la paternité du RNB il y a une paire de décennies, a fini par n’en faire qu’un «parti gazelle» sans élu national. Mais, au moins, il avait le mérite de se faire entendre, d’éclairer l’opinion sur divers sujets d’intérêt national et surtout de continuer la lutte pour «l’instauration d’une véritable démocratie au Gabon».
Depuis la dernière élection présidentielle marquée par le choix de Jean Ping comme candidat unique de l’opposition, Pierre-André Kombila n’est pas réapparu en public. Il a boudé la manifestation politique du 16 août 2016 au rond-point de N’Kembo qui célébrait la désignation d’un candidat consensuel des forces de l’alternance. Il n’a pris part à aucun meeting de l’opposition unifiée, ni réagi à ce que ses amis appellent «le hold up militaro-électoral». Il ne s’est pas fait entendre non plus sur l’idée de dialogue lancée par Ali Bongo.
Ce silence est particulièrement singulier pour attirer tous les regards. «Où est donc passé Pierre-André Kombila Koumba ?», entend-on ici et là. Pourquoi se tient-il éloigné de la scène politique, alors qu’il a pourtant «des choses à dire» ? Élu président de l’Union des forces du changement (UFC) quelques mois avant l’élection présidentielle, Pierre-André Kombila avait refusé sa «destitution» par des leaders de partis soutenant Jean Ping et tenant à dévoyer la primaire de l’opposition. Ce qui avait d’ailleurs provoqué une scission, et donc l’existence de deux ailes du conglomérat des forces de l’opposition qu’était alors l’UFC. Bien qu’accusé d’«attitude obstructionniste» par certains de ses amis, le Professeur Kombila a continué à animer son aile jusqu’à la désignation du candidat unique. Les principaux leaders de partis membres de cette aile se sont tous rangés derrière Jean Ping «avec pour seul objectif : obtenir le départ d’Ali Bongo», mais le Professeur Kombila, lui, semble continuer à maugréer…
Son éclipse de la vie politique ne peut pas être mise simplement sur le compte de son hostilité – réelle ou supposée – à la candidature de Jean Ping à la dernière élection présidentielle. D’aucuns évoquent des problèmes liés à sa vie privée, tandis que d’autres croient savoir que le «leader bûcheron» a décidé de mettre fin à sa vie politique pour ne s’occuper que de sa vie tout court. Toujours est-il que son silence lui est plutôt préjudiciable, car mal perçu dans l’opinion qui pense qu’il avait toute sa place dans le Dialogue national pour l’alternance qui se tient depuis lundi à Libreville.