Contre toute attente, René Aboghé Ella, 55 ans, magistrat hors hiérarchie pourtant annoncé sur le départ par plusieurs médias, a été reconduit, le mardi 25 mars 2014, au poste de président de la Commission nationale électorale autonome et permanente (CENAP). Une décision annoncée par la Cour Constitutionnelle sur Gabon Télévision.
En poste depuis 2006, René Aboghe Ella a été reconduit, le mardi 25 mars dans ses fonctions alors que rien ne présageait sa reconduction à ce poste. Ce d’autant plus qu’après les élections municipales du 14 décembre 2013, les électeurs, militants des partis de l’opposition et certains candidats opposés au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), au cours de ce scrutin avaient dénoncé de nombreuses irrégularités qui avaient terni la fiabilité des résultats.
L’élection controversée permettait surtout d’expérimenter l’introduction de la biométrie dans le processus électoral gabonais. Une nouvelle donne qui, selon de nombreux électeurs, a été diversement interprétée par les dépositaires de l’autorité de l’Etat chargés de mettre en pratique les instructions reçues. Du coup, une partie d’électeurs de la capitale ayant mal pris la défaite de leurs listes électorales lors de ce scrutin souhaitait ardemment le départ de René Aboghé Ella, jugé partisan et en faveur du parti au pouvoir. Une pétition pour son départ de la tête de cette institution a même été lancée le lundi 30 décembre 2013 dont l’écho et la collecte des signatures ne sont pas allés bien loin.
Mais, comme dans certaines fables, «le phœnix renait toujours de ses cendres». René Aboghé Ella avait déjà été reconduit pour la première fois en 2009. Il avait organisé l’élection présidentielle anticipée de la même année, remportée par Ali Bongo Ondimba. L’on n’oblitéra pas que cette victoire a, jusqu’ici, été mal digérée du fait des contestations directes de Pierre Mamboundou et d’André Mba Obame. Eux aussi, se réclamaient élus au point qu’André Mba Obame avait nommé son propre gouvernement longtemps après le fin du processus électoral.
Par ailleurs, la même équipe, dirigée par M. Ella, a organisé les élections des députés de 2011, de même que les élections municipales du 14 décembre 2014. Des scrutins remportés tous par le PDG ; un parti dont on dit issu le président de la Cenap. Le contexte et le conflit d’intérêt qui peut subsister entre ses propres intérêts et ceux de son parti, fait dire à certains observateurs qu’il «ne pouvait pas être un bon juge» parce qu’il était «déjà partie». C’est ce qui implique la forte propension des militants-électeurs de certains partis à réclamer son départ.
Sa confirmation à ce poste devra ainsi mettre un terme à toutes ces supputations. Cependant, les premières personnes à commenter cette décision estiment qu’il «ne s’agit que d’une stratégie de campagne préparée par le PDG dans l’attente de 2016». Date à laquelle est fixée la prochaine élection présidentielle. Et un journaliste d’un hebdomadaire de la presse privée de se demander «si après tout ce temps à un poste comme celui-là, il n’était pas vraiment temps de laisser quelqu’un d’autre y faire ses preuves». «On peut déjà être sûr que les résultats de 2016 seront encore contestés s’il n’y pas de boycott total», a-t-il lancé.