Après la décision, le 23 septembre dernier de la Cour Constitutionnelle, et le rapport tant attendu de l’Union Européenne, la bataille post-présidentielle qui oppose Jean Ping à son beau-frère, Ali Bongo Ondimba se joue désormais à la Cour pénale internationale, aux Pays-Bas où les deux parties se sont mutuellement portées plaintes. Car si le palais de marbres échappe désormais définitivement à Jean Ping, l’ancien diplomate espère maintenant une condamnation de son rival par la justice internationale. Ce qui serait pour lui une victoire, au moins par défaut. Objectif : punir celui qui lui a volé sa "victoire" électorale.
Alors qu’on croyait la bataille qui oppose Jean Ping à son ancien beau-frère, Ali Bongo Ondimba définitivement close, un autre épisode, la publication tant attendue du rapport de l’union européenne, est loin d’avoir livré toutes ses armes. Puisqu’elle s’est exportée la semaine écoulée à la cour pénale internationale, au Pays-Bas où les deux rivaux s’affrontent désormais par plaintes interposées. En effet, le coup d’envoi de cette guerre judiciaire a été donné au plus fort du contentieux électoral par l’équipe d’Ali Bongo, qui espère condamner Jean Ping pour ses fameux propos jugés génocidaires, (Ndlr : « cafards »). Ce qui pour le pouvoir, constitue un appel systématique à la guerre civile de l’opposant, qui cherche à saper la cohésion sociale qui a toujours cours au Gabon.
C’est pourquoi, Ali Bongo et son entourage tentent de le lui faire payer devant une instance judiciaire internationale. Comme réplique, le camp de Jean Ping a lui aussi déposé sa plainte, la semaine écoulée contre les forces de sécurité et de défense pour crime contre l’humanité. A travers cette plainte, c’est le régime d’Ali Bongo qui est directement visé, car s’il était avéré que le qualificatif des crimes contre l’humanité avait bel et bien eu lieu dans les violences qui ont suivi la réélection jusque-là contestée de l’actuel Président de la République, ce serait directement le sommet de l’Etat qui se retrouverait au banc d’accusés de la justice internationale. Et cela à travers la chaîne de responsabilité que la cour n’hésitera pas à établir en cas de besoin.
On comprend donc que d’un côté comme de l’autre, les enjeux de la bataille sont énormes, même si le pouvoir définitivement est acquis à Ali Bongo. Et c’est peut-être au regard de ces enjeux que Jean Ping continue, lui, à claironner qu’il ira jusqu’au bout et que « 2016 ne sera jamais comme 2009 ». Et le jusqu’au boutisme de l’opposant ne se joue désormais que là-bas, à la Haye, le plan "B" ayant échoué, notamment avec la publication du rapport de l’Union Européenne, qui il faut le dire, n’a rien apporté par rapport à ce que les Gabonais dans leur ensemble savaient déjà du caractère chaotique du scrutin présidentiel d’août dernier. Même si dans un camp comme dans un autre, certains jubilent déjà à l’idée de voir se condamné l’autre, il reste que cette guerre électorale des Africains devant une justice internationale de plus en plus contestée comme un instrument de perpétuation du joug colonialiste, pose le problème du paradoxe même de l’homme africain dans sa relation avec l’Occident, selon que ses intérêts sont en jeu.