Au terme de la 3ème édition de la foire agricole de Libreville, les experts ont tablé sur la manière de conduire la transformation du pays par ce secteur et des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.
Comment l’agriculture peut-elle devenir un des moteurs de croissance du Gabon ? La question a été au centre d’un débat lors de la foire agricole de Libreville. La filière agricole dont la contribution au PIB reste marginale, constitue selon les experts invités de ce secteur un vivier d’emplois. Car, les autorités gabonaises ont décidé de faire de l’agriculture l’un des moteurs de la croissance du pays, non sans mettre en place des socles de la diversification de l’économie et de la transformation. Avec deux millions d’hectares de terres sont cultivables susceptibles d’être mises en exploitation pour le café, le cacao, l’hévéa, l’huile de palme, la contribution au PIB qui a piqué du nez de 15% dans les années 1960 à 5% de nos jours, s’en trouverait renforcé d’autant plus que le secteur fournit 35% d’emplois.
Pour les experts, les défis qui se posent au Gabon pour atteindre le niveau de compétitivité des grands pays agricoles sont nombreux. Pêle-mêle, l’on peut citer l’organisation des filières, la définition des zones agro-écologiques, la mutualisation des efforts par la création des coopératives, le renouvellement de la population agricole, la formation, l’accès à la terre. «Les pays qui ont une économie forte, disposent d’une agriculture forte ; celle-ci à l’observation, s’est mise en place grâce au mouvement coopératif. C’est pourquoi nous demandons aux agriculteurs de mutualiser leurs efforts afin d’accroître les rendements et la productivité», explique le directeur générale du développement rural au ministère de l’Agriculture.
Pour Pascal Pommarel, directeur général de l’Institut gabonais d’appui au développement (Igad), l’agriculture est avant tout un métier de passion. Aussi, si l’Etat veut revaloriser ce métier, il faut sortir de la logique de dénigrement et de l’exercice par effraction. « Il faut une pédagogie adaptée si l’Etat veut revaloriser ce métier qu’on ne fait pas par défaut. Parce que pendant des années, on a dit aux jeunes que ce métier est un métier du passé ; alors que l’agriculture est le dernier métier qui va disparaître. C’est pourquoi il faut dire, montrer aux jeunes que c’est une bonne activité et leur montrer des modèles de réussite dans ce domaine », explique-t-il.
Ce qui fait dire au directeur général du développement rural que les jeunes doivent savoir que l’aliment est le premier médicament. Raison pour laquelle, elle insiste sur la sensibilisation, la vulgarisation des métiers agricoles et le benchmarking pour intéresser les jeunes à l’agriculture. «La population agricole du Gabon est vieillissante ; il faut la renouveler en intéressant les jeunes. Cela passe par l’amélioration des conditions de vie dans le monde rural et susciter l’exode urbain.
Il y a également des problèmes de financement qui limitent le déploiement des agriculteurs. Ces derniers n’ont pas accès aux crédits dans les établissements bancaires classiques. «On a coutume de dire que les structures ne sont pas disposées ; mais c’est tout le contraire. Une structure ne peut pas injecter son argent dans un projet qui ne garantit pas de visibilité sur l’investissement qu’elle réalise ; c’est pourquoi on insiste sur la formation des acteurs dans le montage des projets, l’acquisition du savoir-faire agricole», explique le directeur général de l’élevage.
Au-delà, il faut avoir l’esprit d’entreprise parce que, selon Pascal Pommarel, l’agriculteur est un entrepreneur. «Un entrepreneur c’est quelqu’un qui cherche à développer son activité ; il crée de la richesse», souligne-t-il. C’est pourquoi le secteur agricole ainsi que celui de l’élevage sont des filières de croissance indéniables que les gabonais devraient explorer de fond en comble. «La croissance renvoie à la création d’emplois, de richesses ; l’agriculture et l’élevage sont des filières porteuses de croissance parce que si on prend les importations de produits carnés uniquement, on se trouve à 200 milliards de Fcfa chaque année et si on va sur le poulet, on est à 100 000 tonnes, soit 50 millions de poulets importés au Gabon chaque année. Si on s’y met, cette manne financière profiterait aux producteurs locaux », explique-t-il.
Pour lui, c’est un vivier de métiers que constitue par exemple l’élevage. «Il y a une chaîne de métiers dans la préparation de viandes par exemple. On a des charcutiers, des bouchers, etc. pour exécuter certaines tâches, il faut un savoir-faire qui ne s’improvise pas et cela crée de la valeur ajoutée».
La formation constitue donc un point essentiel dans l’essor de l’agriculture. C’est ce qui amène le directeur général de l’agriculture à évoquer la réfection des infrastructures de base. Un volet qui comporte des centres de formations et des écoles spécifiques qui devront intéresser les jeunes dans la pratique des métiers agricoles. Il faudra aussi donner du travail aux structures existantes afin qu’elles produisent des variétés de semences améliorées.