Libreville, Gabon (Gabonactu.com) –Plus d’une cinquantaine d’avocats du barreau du Gabon ont marché vendredi dans les rues de Libreville pour laisser éclater leur colère contre la tentative d’agression ou d’enlèvement de leur collègue Eric Iga-Iga, avocat du principal opposant gabonais, Jean Ping.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats du Gabon, Me Jean Pierre Akoumbou M’Olouna a pris la tête de cette marché partie du palais de justice jusqu’au rond-point de la démocratie.
Les avocats tous vêtus de leur toge noire brandissaient au passage des affiches sur lesquels ils réclamaient plus de liberté, de protection et défendaient leur métier et leurs droits inviolables.
Selon Me Akoumbou M’Olouna, le 8 décembre dernier, Me Eric Iga-Iga, avocat au barreau du Gabon a reçu la visite chez lui d’éléments inconnus dont certains portaient des cagoules.
« Ces individus étaient armés, assis dans un Pick up faisant le gaie », a précisé le bâtonnier dans une déclaration lue dans la Maison de l’avocat, peu avant le départ de la marche.
Sérieusement inquiété et se sentant en danger, maître Iga-Iga s’est tiré d’embarra en allant se réfugier dans une ambassade de la place où cet avocat se retrouve encore jusqu’à ce jour.
« Ce cas nous gêne parce que ce mode opératoire est contraire à un monde civilisé », s’indigne le bâtonnier.
« Le pire aurait pu arriver. Il aurait pu être enlevé. Et l’enlevant, on ne sait pas ce qui aurait pu lui arriver », a-t-il déploré ajoutant que tout avocat est libre dans sa plaidoirie et de ses propos devant le prétoire. De plus dans le cadre de l’exercice de sa profession d’avocat, il ne peut être inquiété.
« Libres et indépendants en toute circonstance, les avocats ne doivent pas être assimilés à leurs clients ou à la cause qu’ils défendent. C’est une question de principe que les individus et les personnes morales doivent respecter », a insisté le bâtonnier.
« Tout avocat mis en danger dans l’exercice de sa profession cela atteste d’un net recul de la démocratie et de l’Etat de droit », a-t-il averti.
Me Akoumbou M’Olouna a cité plusieurs exemples d’avocats gabonais inquiétés, menacés ou agressés suite à la défense des dossiers sensibles.
« Il faut que cela cesse. Plus jamais ça », a-t-il hurlé.
Le bâtonnier a également demandé au gouvernement de faire cesser les interventions des policiers en cagoule pour interpeller des gens. « Cela crée la confusion entre les véritables forces de l’ordre, les bandits et les auteurs des règlements de compte », a-t-il fait remarquer.
Après avoir crié leur colère, les avocats se sont dispersés dans le calme. Les policiers anti-émeutes présents en permanence sur ce grand carrefour depuis le déclenchement de la crise postélectorale le 31 août dernier n’ont pas intervenu.