L’ordre des avocats du Barreau du Gabon, a dénoncé le 16 décembre 2016, le mode opératoire employé par les autorités pour porter atteinte à la dignité, la liberté et à l’indépendance de maître Eric Iga Iga.
Le confinement de l’avocat de Jean Ping depuis le 8 décembre dernier, suscite l’émoi et l’indignation dans les rangs des hommes en robe noire. C’est pour témoigner de ce sentiment que l’ordre des avocats du Gabon est monté au créneau à travers une déclaration, le 16 décembre dernier, pour condamner fermement l’intrusion d’éléments inconnus, dont certains étaient cagoulés et armés, dans le domicile de leur confrère.
«Parce que les victimes de tels actes, nous en avons connu au moins trois ou quatre dans notre ordre. Et dans notre société ils sont nombreux. Le cas qui est dénoncé nous gêne parce que le mode opératoire est impropre à une vie en société civilisée et c’est pour cela le barreau du Gabon est en droit d’exprimer son indignation», a déclaré le bâtonnier Akumbu M’Oluna.
En effet, le jeudi 8 décembre 2016, tard dans la nuit, maître Eric Iga Iga, a eu la visite de personnes se présentant comme appartenant aux forces de défense et de sécurité, plus particulièrement la Contre ingérence militaire, dans l’illégalité la plus totale. Se sentant en danger, l’avocat de Jean Ping a choisi de se mettre à l’abri en allant chercher protection auprès d’une représentation diplomatique, qui a bien voulu l’accueillir jusqu’à ce jour.
«Maître Iga Iga est comme tout avocat libre dans sa plaidoirie. L’avocat ne peut et ne doit pas être inquiété. Libres et indépendants en toutes circonstances, les avocats ne doivent pas être assimilés à leurs clients ou à la cause qu’ils défendent. C’est une question de principe», a rappelé le bâtonnier.
Selon l’ordre des avocats cet acte d’insécurité est inquiétant, peu importe d’où qu’il provienne et qui en est victime. Il atteste d’un net recul de la démocratie et de l’État de droit. «Cette situation ne concerne pas seulement les avocats que nous sommes. Car, le mode opératoire que nous dénonçons porte atteinte à la vie de tout un chacun dans ce pays. Et nous ne pouvons le tolérer en tant que défenseurs. Quand la défense est menacée c’est toutes les libertés qui sont en danger», a martelé maître Akumbu M’Oluna, invitant les autorités gabonaises au respect scrupuleux des droits et prérogatives de l’avocat, sans lesquels il ne saurait y avoir de véritable démocratie.
Pour marquer leur indignation, les avocats n’ont pas hésité à marcher du palais de justice au rond-point de la Démocratie.