Jusqu’ici réservé sur le sujet, le leader de l’Union du peuple gabonais (UPG, loyaliste) s’est prononcé sur cette compétition. Dans une interview accordée à afrik-foot.com, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou est longuement revenu sur les dangers autour de cet événement sportif.
A mesure que l’on approche de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2017, les avis sont de plus en plus mitigés sur le bienfondé de cette compétition. Si les pros-Can exultent, d’autres, beaucoup plus mesurés, sont inquiets. C’est le cas du président de l’Union du peuple gabonais (UPG, loyaliste) qui voit d’un mauvais œil l’organisation de cet événement, du moins dans le contexte actuel.
«Le Gabon n’a pas les moyens de payer les salaires, de faire fonctionner les écoles, d’avoir une université performante. En cessation de paiement, nous ne pouvons pas respecter le calendrier institutionnel, qui commande d’organiser les élections législatives. Et l’on parle de la Can, dont la tenue requiert des moyens colossaux…», a déploré Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, dans une interview publiée sur afrik-foot.com, ce 14 décembre.
Dans un tel contexte, l’ancien président par intérim de la Fédération gabonaise de football (Fégafoot) s’est fait le porte-voix du peuple gabonais. «Le peuple gabonais n’a jamais été contre la Can. Bien au contraire. Mais ce peuple qui est foncièrement hospitalier, veut accueillir l’Afrique au meilleur de ses atouts, dans un moment de liesse et de quiétude nationales», a argumenté Jean de Dieu Moukagni-Iwangou.
«Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, parce que le pays est totalement divisé, et la Caf donne l’impression de s’accommoder du pays officiel, qui est isolé et minoritaire, et de ne pas regarder le pays réel. C’est-à-dire tout le Gabon, qui est en détresse», a poursuivi le président de l’UPG. Pour lui, il est évident que le pouvoir en place, en rupture profonde avec son peuple, «veut se servir de la Can pour refaire sa relation avec celui-ci. Mais comme il a pris les armes contre lui, il va être difficile de le réconcilier par le prétexte de la Can».
Pour Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, «Il y a une crise politique particulièrement grave». Vu le contexte dans lequel s’est déroulée la dernière présidentielle, le risque pris est énorme, en organisant la Can. «Plus de 200 Gabonais ont été sacrifiés par le régime, sur l’autel de sa volonté de conserver un pouvoir familial, installé à la tête du pays depuis cinquante ans (…) Le pouvoir qui n’a eu aucun mot pour toutes ces familles endeuillées, invite le continent pour faire la fête autour de la Can», a-t-il lancé.
Par ailleurs, le président de l’UPG a assimilé l’attribution de la Can au Gabon à une logique éprouvée dans la Rome antique. Celle-ci consistait pour les empereurs, «à offrir du pain et des jeux, pour distraire le peuple et l’empêcher de réfléchir à sa dure réalité quotidienne», a argumenté Jean de Dieu Moukagni-Iwangou. Selon lui, «dans le contexte du moment, la Fédération internationale de football association (Fifa) et la Confédération africaine de football (Caf) ont pris un pari et un risque plutôt osés».