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Dialogue national pour l’alternance : Jean Ping à l’épreuve des faits
Publié le lundi 12 decembre 2016  |  Gabon Review
Jean
© Autre presse par DR
Jean Ping accueilli en triomphe à Paris
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La concertation décidée par l’ancien candidat consensuel de l’opposition va-t-elle accoucher d’une dynamique nouvelle ? Du fait du refus de ses promoteurs de répondre à l’appel d’Ali Bongo et de la coïncidence avec la présentation du rapport de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE), l’opinion s’interroge et en escompte beaucoup voire le meilleur.

Voulu par Jean Ping, le «Dialogue national pour l’alternance» va-t-il accoucher d’une dynamique nouvelle ? Ayant mobilisé tant d’énergie pour sa préparation, va-t-il offrir une perspective et un cap à l’opposition ? Conçu comme la symétrie du dialogue proposé par Ali Bongo, sera-t-il le point de départ de la mise en œuvre d’une stratégie victorieuse ? Les débats passionnés autour de cette initiative légitiment toutes les interrogations. Du fait du refus de ses promoteurs de répondre à l’appel d’Ali Bongo, l’opinion s’interroge. Elle en escompte beaucoup. Voire le meilleur. Prévu du 18 au 23 du mois courant, cette concertation entrera dans le vif du sujet à compter du 20. Peu ou prou, elle coïncidera avec la présentation du rapport de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE), prévue pour compter du 12 du mois courant. Hasard de calendrier ? Chevauchement des agendas ? On veut le croire. Au regard des enjeux, comment ne pas songer à un choix tactique ou stratégique ? Doit-on pour autant y voir l’aube d’une ère nouvelle ?

Tout ceci trouve son origine dans une conjonction d’éléments visiblement indépendants : la surévaluation de la portée du rapport de la MOE-UE et le refus du camp Ping de répondre à l’invite d’Ali Bongo. En se soumettant aux caprices du gouvernement, en acceptant de voler de report en report, la MOE-UE a ouvert la porte à tous les fantasmes. A cela s’est ajoutée la stratégie de l’opposition : répondre à l’invitation au dialogue formulée par Ali Bongo par un dialogue voulue par Jean Ping. L’un dans l’autre, le terreau sur lequel ont éclos toutes les théories, toutes les hypothèses, est apparu. Connivence stratégique, coup de main subtil, moment décisif, tournant majeur… La MOE-UE n’est pas partie prenante du «Dialogue national pour l’alternance» mais sa présence en terre gabonaise donne une autre résonance à cet événement.

Interrogations, doutes et réserves

Peut-on encore regarder les choses avec froideur ? Est-il encore possible de faire preuve de lucidité dans l’analyse ? Tant d’interrogations, doutes et réserves ont déjà été formulés sur la stratégie de l’opposition. Tant de questions et zones d’ombre ont compliqué la compréhension de la tactique de la MOE-UE. En vouant systématiquement aux gémonies toute personne favorable au dialogue avec Ali Bongo, en s’opposant à toute idée dissidente ou originale, le camp Jean Ping a donné le sentiment de détenir la solution de sortie de crise, de posséder un sésame infaillible. En mettant en avant les procédures diplomatiques tout en laissant certains de ses membres s’épancher publiquement, la MOE-UE a suscité l’espoir au sein de la population. Tout compte fait, les esprits fertiles ont fini par défendre l’idée d’un soutien ou tout au moins d’une convergence d’intérêts.

Au-delà des lubies et rêveries, le «Dialogue national pour l’alternance» sera à la hauteur des capacités d’anticipation de son principal concepteur. Ses conclusions, recommandations ou résolutions à la mesure de l’engagement et de la détermination des participants. N’en déplaise à d’aucuns, rien dans ce rendez-vous ne dépendra de la MOE-UE. Pour la suite des événements, peu de chose découlera du rapport tant attendu. Si elle veut de sa rencontre un moment décisif, l’opposition doit, par conséquent, l’orienter vers trois objectifs : la consolidation de la coalition autour de Jean Ping, le raffermissement du soutien populaire et, la responsabilisation individuelle des organisateurs de la dernière présidentielle. Au lieu de se laisser endormir par son statut de leader de l’opposition, se laisser impressionner par sa responsabilité historique ou se laisser emporter par la fougue à front de taureau des va-t-en guerre autoproclamés, Jean Ping doit saisir cette opportunité pour accomplir deux tâches : indiquer un cap et une répartition des rôles au sein de sa coalition. A cela doit s’ajouter la mise en place d’une organisation autour de sa personne. Dans un passé récent, cette tâche a été sous-traitée à René Ndemezo’Obiang, président de Démocratie nouvelle (DN), un parti politique autonome. On a vu où cela l’a mené, comment cette aventure s’est terminée…

Organisation de lutte

La nécessité d’affiner une organisation est légitimée par un préjugé : le dilettantisme supposé de l’opposition. Depuis la proclamation des résultats officiels de la dernière présidentielle, certains ont fait leurs choux gras d’un prétendu déficit d’organisation. Tout cela n’est, évidemment, pas juste. La manipulation électorale a été rendue possible par la connivence institutionnelle et les liaisons incestueuses entre la majorité au pouvoir et les institutions de la République. Le vaudeville du Haut-Ogooué et la comédie dramatique de la Cour constitutionnelle ont été favorisés par des personnalités incapables d’aller au-delà de leurs intérêts personnels ou de voir le monde sous un prisme différent des liens matrimoniaux ou sanguins.

N’empêche, depuis le 16 août dernier, après le ralliement de Casimir Oyé Mba et Guy Nzouba Ndama puis Léon Paul Ngoulakia à Jean Ping, la ressource humaine pour une meilleure structuration est désormais disponible. Sur l’ensemble du territoire national, une occupation totale et permanente du terrain est à portée de main, des réunions thématiques peuvent être organisées et, tous les sujets technocratiques abordés. Au plan international, un réseau de contacts peut être entretenu. Mais, tout cela semble encore lointain, éloigné, hypothétique. Et pourtant, la lutte démocratique contre un régime cinquantenaire requiert de l’organisation et de l’imagination. Avec toutes les intelligences gravitant autour de Jean Ping, cette organisation peut se parfaire. Concomitamment, l’imagination peut devenir féconde.

Etablir un lien entre le «Dialogue national pour l’alternance» et le rapport de la MOE-UE est contreproductif. Attendre un basculement des choses à la suite de sa publication est puéril et vain. Dans la circonstance actuelle, tout est entre les mains de Jean Ping et ses alliés. Il leur appartient de porter une vision, mettre en place une organisation adaptée et maintenir le lien avec les masses populaires. Il est de la responsabilité de ces Gabonais d’offrir une perspective au peuple gabonais au nom duquel ils s’expriment. On touche là au fond du problème : «Dialogue national pour l’alternance» ou pas, la solution à la crise gabonaise sera gabonaise ou ne sera pas.
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