A la faveur d’une récente sortie, l’Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG) a invité les présidents de clubs de D1 et D2 à plus de responsabilité dans le traitement des joueurs. Plusieurs professionnels disant être traités comme des «esclaves».
Les anciens footballeurs internationaux, Remy Ebanega et Paul Kessany, respectivement président et secrétaire général de l’ANFPG étaient face à la presse, le 8 décembre 2016, pour faire le point sur les litiges des footballeurs gabonais en activité. Occasion pour les deux de donner leur appréciation de l’état du football national dit «professionnel» depuis 2012.
Au sujet des nombreux litiges enregistrés dans le secteur depuis ces dernières années, Remy Ebanega n’a pas caché son étonnement et sa déception. «Après la professionnalisation du football gabonais, tout aurait dû s’améliorer pour les joueurs, mais il n’en est rien. La situation s’est empirée», a-t-il regretté, citant en exemple le CMS et le FC Mounana, au sein desquels plusieurs plaintes de joueurs ont été enregistrées, mais qui n’ont jamais été rendues publiques par peur de sanction contre les intéressés.
Pourtant, le président de l’ANFPG assure que plusieurs footballeurs, dans ces clubs, n’ont pas vu leurs salaires payés depuis des mois. Aussi, l’association dont il a la charge entend se pencher sur la question. «L’ANFPG n’est pas l’ennemi des clubs, mais elle veut être un partenaire. L’objectif du traitement des litiges est de pousser les responsables des clubs à respecter la législation en vigueur au Gabon en matière de football», a indiqué l’ancien défenseur des Panthères du Gabon.
Pour Paul Kessany, ancien milieu de terrain des Panthères du Gabon, la difficile situation vécue par certains joueurs dans leurs clubs trouve également son explication dans l’attitude, pour le moins laxiste, des autorités en charge du football au Gabon.
«C’est la Ligue qui ne veut pas faire respecter les textes, ce qui fait que les clubs dictent leur loi», a-t-il estimé. Pour tenter de trouver des solutions à cet état de fait, l’ANFPG a conçu, il y a quelques mois, avec l’appui des juristes, «un contrat standard». Celui-ci devrait bientôt être proposé à la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) et à la Ligue nationale de football (Linaf), pour l’intérêt des employeurs et des employés de clubs.
Par ailleurs, l’ANFPG qui est désormais membre de l’Association internationale des associations des footballeurs professionnels (FIFPro) estime qu’il est nécessaire pour le football national d’avoir une chambre de résolution des litiges. Soit une entité autonome capable de traiter les différends entre joueurs et responsables de clubs.
L’«affaire Beugré»
Profitant de leur sortie, les responsables de l’ANFPG ont abordé la question liée au litige opposant le joueur Mariano Beugré à l’AS Mangasport. Le milieu défensif ivoirien réclame des mois de salaire impayé à son ancien club. Grâce à l’appui de l’association, la Fifa a récemment enjoint au club de verser 19 millions de francs CFA au joueur avant le 15 décembre prochain sous peine de sanction de la Commission de discipline de la Fifa. «Je ne voulais pas qu’on en arrive là. Ce sont les responsables du club qui sont à l’origine de cette situation», a confié le footballeur lésé.
N’empêche, pour l’ANFPG, la récurrence des salaires impayés de joueurs ne s’explique pas, d’autant que l’Etat a déjà soldé la subvention de la saison 2015-2016. «Ce sont les présidents des clubs qui tirent notre football vers le bas», a tranché Paul Kessany, non sans espérer que tout pourrait finir par s’arranger.
Face à toutes ces réalités, l’ANFPG entend lancer plusieurs activités dans les jours et mois qui viennent. Dès le 12 décembre 2016, elle envisage de lancer une campagne de sensibilisation à l’endroit des joueurs et des clubs, sous le thème : «Professionnalisme, un état d’esprit».
L’association entend aussi mettre en œuvre un projet de reconversion des joueurs adhérents. Dans le même sens, en juin 2017, l’association prévoit organiser la «Grande rencontre amicale de football (Graf)», réunissant toutes les générations du football national. Cette édition aura la particularité de combattre une cause : la drépanocytose.