Après le contentieux électoral et le recours en révision devant la cour constitutionnelle, place désormais au rapport de l’Union Européenne qui devient l’enjeu politique majeur dans la bataille des camps Ali vs Ping, en cette période postélectorale morose. Enjeu important, il l’est tellement devenu au point que le camp Jean Ping en a même fait une arme fatale destinée à punir, selon lui, Ali Bongo pour son "coup d’Etat militaro-électoral". Ce qui devra en principe lui donner tout le pouvoir de chasser du fauteuil présidentiel, son rival qui s’y est installé par la "force".
Le rapport de l’Union européenne, voilà le nouveau sésame désormais au cœur de la bataille postélectorale qui oppose Jean Ping à Ali Bongo Ondimba. Une sorte de remake présidentiel, qui constitue sans doute le dernier épisode de ce bras de fer entre deux ex-camarades, certains diraient deux anciens collaborateurs, et pourquoi pas deux ex-anciens beaux-frères, devenus ennemis inconciliables au gré du pouvoir. Jean Ping sait du fond de son cœur que la bataille présidentielle avec son rival, qui prend chaque jour pied dans le pouvoir depuis son investiture en septembre dernier est déjà perdue.
Mais il espère néanmoins que la publication de ce rapport, dont peut déjà imaginer qu’il sera fort bien déséquilibré en défaveur de l’actuel occupant du palais du bord de mer, entraînera quelques pays occidentaux à sanctionner le pouvoir d’Ali Bongo. Et par ces sanctions que l’ancien fonctionnaire de l’union africaine veut ciblées, l’opposant table sur une asphyxie générale du pays. Surtout dans un contexte économique difficile dû à chute du prix du baril de pétrole. Ce qui entraînera une colère généralisée du peuple qui lui n’hésitera pas à descendre da la rue pour faire partir l’actuel Chef de l’Etat. Comme si le sort du Gabon après cette échéance électorale dépendait encore de quelque rapport que ce soit, au point que le camp de Jean Ping accuse celui de son rival d’être à l’origine de ces reports successifs.
Nostalgie néocolonialiste ?
Mais au fond, il s’agit d’une mentalité absurde et propre à la politique tropicale où la présidentielle étant désormais finie, certains acteurs en sont encore à considérer qu’un simple rapport, fut-il de l’Union européenne, parce que renvoyant absolument à un reliquat néocolonialiste, peut encore changer le cours implacable des choses. Admettons même qu’à la suite de ce rapport, certains pays prennent effectivement des sanctions contre le pouvoir d’Ali Bongo comme le souhaite son adversaire, Jean Ping, qu’est-ce qui changerait concrètement dans la mesure où Ali Bongo dispose désormais de l’effectivité du pouvoir ? De quels moyens concrets disposerait alors le natif d’Omboué pour prendre le pouvoir, une fois le rapport connu ? L’UE viendra-t-elle avec des commandos pour déloger Ali Bongo du palais, afin d’y installer Jean Ping, une fois le rapport publié ? Autant de questions que pourrait se poser n’importe quel citoyen, au-delà du militantisme voire l’aveuglement devenu la seule loi du débat politique.
Un débat politique déjà condamné à un infantilisme politique, qui voudrait que ce soit l’homme blanc qui soit la solution idéale au drame africain. Une nostalgie néocolonialiste voulue et entretenue par l’élite politique elle-même en fonction de ses intérêts. Et cela alors que partout sur le continent, des voix se lèvent pour condamner la mainmise occidentale dans les maux qui affectent le Noir. On se demande alors quel sera le prochain épisode de ce conflit postélectoral, une fois que sera publié le rapport de l’union européenne qu’on attend dans le camp de Ping avec une impatience démesurée, et une certaine appréhension dans celui d’Ali. Comble du désespoir.