Le président de la Cour constitutionnelle gabonaise a récemment reçu une médaille de la Cour de cassation de Paris. Une distinction qui n’a pas manqué de susciter la polémique en France, deux mois après qu’elle ait entériné la réélection controversée d’Ali Bongo.
Hors de son pays, Marie-Madeleine Mborantsuo n’a visiblement pas que des ennemis. Pourchassée par des manifestants gabonais résidents aux Etats-Unis et en France depuis qu’elle et l’institution judiciaire dont elle la charge ont entériné la réélection controversée d’Ali Bongo en septembre dernier, le président de la Cour constitutionnelle du Gabon peut encore compter sur le soutien, voire l’admiration de ses pairs français. L’on a d’ailleurs appris par Vincent Hugeux, journaliste et bloggeur à L’Express, qu’elle a reçu, le 28 octobre 2016, une médaille de la Cour de cassation de Paris.
La distinction, remise par Jean-Claude Marin, le procureur général près la Cour de cassation française, a été octroyée «en signe d’amitié» pour «la faiseuse de rois» du Gabon, à la suite «de nombreux échanges sur le système de justice gabonais et sur l’articulation entre les différentes hautes juridictions du Gabon». C’est peu dire si l’initiative du magistrat de 67 ans, en poste à la tête de la Cour de cassation’ depuis 2011, a suscité la polémique chez certains de ses collègues et des hommes de médias, au point que l’institution ait décidé de retirer l’information liée à cette décoration de son site internet le 3 décembre dernier. Beaucoup s’étaient notamment étonnés de l’initiative jugée incongrue et consternant du magistrat chevronné. D’autres, au contraire, y ont vu une forme de récidive dans son «geste», d’autant que Jean-Claude Marin avait déjà suscité la polémique il y a quelques années en raison de sa supposée proximité avec les partis et hommes politiques de la droite française.
Dans le dossier dit des «Biens mal acquis» dans lequel sont cités Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso et Teodoro Obiang Nguema, le magistrat aurait été l’un des seuls à refuser la demande des juges d’instruction d’étendre leurs investigations à la suite d’éléments nouveaux, postérieurs à l’année 2008. L’octroi d’une médaille à Marie-Madeleine Mborantsuo, connue pour son lien parental avec Ali Bongo et ses décisions pour le moins partisanes au profit du pouvoir en place, apparaît donc comme une nouvelle erreur, «une bourde», que le procureur général près la Cour de cassation française doit certainement être en train de regretter. D’autant que pour certains, la magistrate gabonaise est loin de mériter cette distinction.