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Législatives 2016 : doit-on y aller avant ou après le dialogue ?
Publié le vendredi 2 decembre 2016  |  Gaboneco
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© Autre presse par DR
Le Palais Léon-Mba, siège de l’Assemblée nationale
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Après le scrutin présidentiel d’août dernier, suivi de la crise née de la réélection controversée d’Ali Bongo Ondimba, le doute plane désormais sur la tenue ou non des élections législatives prévues pour ce mois de décembre. Sont apparues alors dans la classe politique gabonaise, deux positions diamétralement opposées. Si certains estiment qu’il faut aller au dialogue politique national, au risque de se retrouver avec une assemblée nationale à courte de légitimité, d’autres au contraire posent comme préalable la tenue du dialogue pour assainir l’environnement électoral une bonne fois pour toutes.
Décidément le Gabon n’est pas encore prêt à se tirer d’affaires. Après une élection présidentielle « chaotique », comme le clame certains qui a plongé le pays dans la douleur et la tristesse, place désormais à une crise institutionnelle pour ce qui concerne le renouvellement de la deuxième chambre du parlement. En effet, selon les termes constitutionnels, le mandat actuel des députés court jusqu’au 17 décembre prochain, après quoi ces derniers n’auront plus qualité à siéger à l’Assemblée nationale sans de nouvelles consultations électorales. On comprend donc que si d’autres élections législatives ne sont pas organisées entre temps, les députés actuellement en poste deviendront non seulement illégaux mais aussi illégitimes.

Seulement voilà, là où le bât blesse, c’est le contexte dans lequel vont ou doivent se tenir ces législatives. La situation actuelle du pays qui sort très meurtri de la dernière présidentielle étant encore très volatile, certains acteurs estiment qu’il serait sage de différer ces échéances. L’objectif est d’aller au dialogue politique national, et les résolutions ainsi prises permettront d’asseoir un code électoral qui soit le moins conflictuel possible. L’assainissement de cet environnement électoral passe concrètement par une réforme institutionnelle qui prenne pour cible la commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) et la Cour constitutionnelle. Car pour les tenants de cette position comme le porte-parole de la majorité républicaine pour l’émergence, Guy Christian Mavioga, aller aux élections législatives dans une période postélectorale encore incertaine, c’est prendre le risque de retomber dans les mêmes travers du passé.

Une position qui ne fait pas l’unanimité

Un point de vue que ne partagent pas forcément les autres acteurs, qui eux mettent en avant le respect de légalité constitutionnelle. Car pour les défenseurs de cette thèse, il appartient au gouvernement de tout faire pour organiser, dans les délais constitutionnels, les législatives et éviter au pays une crise institutionnelle majeure. Puisque l’Assemblée nationale est avant tout le lieu par excellence du débat politique, et donc des équilibres politiques aussi. Car en plus de la question de la légitimité, pour certains acteurs de l’opposition, conditionner l’élection des députés à la tenue du dialogue, c’est permettre à Ali Bongo Ondimba, qui vient de faire un coup d’"Etat militaro-électoral" de régner en maître absolu, dans la mesure où le PDG est déjà ultra-majoritaire à l’Assemblée nationale avec plus de 114 députés sur 120.

Ce qui est absolument inadmissible et inconcevable dans un pays dit "démocratique". Mais au-delà des divergences de vues sur la question, il y a que le pays se trouve, en cette période postélectorale dans une situation ambivalente. Qu’on organise les législatives avant pour conjurer le sort de l’illégalité qui menace en ce moment l’actuelle législature, les résultats seront toujours, comme d’habitude sujets à polémique, qu’on les tienne après le dialogue politique, en prolongeant l’actuel mandat des députés (ce qui est anticonstitutionnel), l’illégalité est là. Dans tous les cas, le problème reste entier et il revient aux acteurs politiques, majorité et opposition de s’asseoir et voir ce qui serait bien pour le Gabon. Car un pays sans une Assemblée nationale ne ferait qu’ajouter un grain supplémentaire à la crise déjà ambiante depuis le terme de la dernière présidentielle.

Charles Nestor NKANY
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