Affublé du titre de producteur majeur de thon, le Gabon gagnerait à réétudier son partenariat avec la partie européenne en matière de pêche au thon. Dans le précédent accord liant les deux parties, «des pratiques aux antipodes de la gestion durable des ressources et de l’environnement», ont notamment été dénoncées.
Le prochain accord de pêche entre le Gabon et l’Union européenne (UE) est porteur d’espoir pour la partie gabonaise. Tant le dernier, arrivé à échéance en juillet dernier, était décrié. Pour la partie gabonaise, pas question de s’engager dans un nouveau contrat de bail et procéder à la signature d’un protocole pour la période 2016-2019 à l’aveuglette.
Tout au long du précédent bail, qui courait sur la période 2013-2016, en effet, des observateurs ont déploré «des pratiques aux antipodes de la gestion durable des ressources et de l’environnement». Une éclaircie apportée par la mise en œuvre du pilier «Gabon bleu», qui a permis au pays de mieux cerner l’activité de la pêche au thon, l’objet de l’accord, mais également et surtout les pratiques des armateurs en mer.
Comme l’a d’ailleurs signifié un observateur de pêche industrielle. «Si les tonnages sont allés crescendo, particulièrement à compter de 2014, c’est par ce que nous sommes devenus de plus en plus actifs dans le suivi, l’implication et l’observation des pratiques», a déclaré Joane Guibinda Pissama, relayé par africtelegraph.com.
«Au cours de l’année 2015, le tonnage des prises a sensiblement augmenté, passant du simple au quadruple voire au quintuple, jusqu’à atteindre le pic de 35.000 tonnes», a poursuivi l’observateur. Affublé de titre de producteur majeur de thon, à hauteur de 37 000 tonnes par an, le Gabon peine cependant à tirer profit de cette ressource à fort potentiel économique.
Et pour cause, de nombreuses anomalies et écueils annihilent l’impact réel et positif de l’accord de pêche Gabon-UE, pourtant riche en promesses et en opportunités. L’on déplore ainsi l’absence des experts Gabonais à bord d’un thonier pour observer les pratiques des chalutiers européens, le non débarquement d’un seul poisson pêché pour la consommation des Gabonais.
A cela s’ajoute, également, l’absence d’une gestion rationalisée de la ressource tournée vers le respect de l’environnement et l’impératif de durabilité, le manque de l’industrialisation de la filière localement avec l’effet induit de la création d’emplois pour les nationaux.
«D’où la nécessité de dépoussiérer non seulement le contenu de l’accord-cadre mais aussi le protocole opérationnel qui régit cette activité pour évoluer vers un accord amélioré susceptible d’impacter positivement le quotidien des Gabonais sur le double volet de la sécurité alimentaire ainsi que du renforcement du tissu économique local», a soutenu Joane Guibinda Pissama.
Face à cet état de faits, trois pistes s’offre au Gabon. Soit le pays dénonce l’accord-cadre actuel et exige la signature d’un accord amélioré basé sur le principe gagnant-gagnant, soit il rompt l’accord avec l’UE et explore la piste de signer des accords de gré à gré directement avec les armateurs.
La troisième issue est que le Gabon résigne le protocole habituel avec les inconvénients de voir sa saison 2016 complètement compromise. Où alors le pays lorgnera en direction d’autres pays dont l’expertise est reconnue au sein de la filière de pêche.
C’est depuis 1998 que le Gabon et l’UE sont liés par un accord autorisant aux chalutiers en provenance de l’espace UE de pratiquer la pêche au thon dans les eaux territoriales gabonaises contre le versement d’une d’une contrepartie financière à hauteur de 960.000 euros (près de 65 milliards de francs CFA). De 1998 jusqu’en fin 2012, cette activité se déroulait sans l’implication de la partie gabonaise.