Un impératif inaliénable pour l’essor de l’émergence dans 10 ans.
S’il est vrai qu’un proverbe de chez nous dit qu’une seule dent suffit pour faire sentir toute la bouche, les difficultés rencontrées par Postbank ne ternissent cependant pas totalement tout le secteur bancaire (public et privé) du Gabon, qui renvoit plus objectivement une image solide et avec des perspectives sérieuses de développement au regard de la taille du marché bancaire local.
L’environnement financier gabonais enregistre une amélioration significative avec l’implantation de nombreux établissements bancaires au cours de ces dernières années. Peut-on un seul instant imaginer qu’un pays où tout irait mal, où l’économie tomberait en ruine, l’Etat dans une situation de surendettement avec une signature sans valeur à l’international, un pays où il n y a pas de sécurité juridique ou de sécurité tout court, pourrait attirer de tels investisseurs, c'est-à-dire les banques ? De 9% en 2009 à 20% en 2015, le taux de bancarisation a considérablement évolué au sein de la population au Gabon.
Le souvenir des années 90, où l’épargne était considéré comme une pratique complexe et les banques, des lieux réservés à la haute classe est encore là. Mais grâce à l’évolution du marché financier, l’arrivée de nouveaux établissements financiers et des nouvelles offres de services bancaires tels que le Mobile Banking, la donne est toute autre. Grâce aux nouveaux moyens de paiements, élèves, étudiants et les membres de la classe moyenne en activité, ont désormais accès aux services financiers. Conséquences immédiates, entre 2009 et 2015, le taux de bancarisation au Gabon a augmenté de +11% passant de 9% à 20% en à peine six années. Le nombre de gabonais titulaires d’un compte bancaire est déjà au-dessus des 407.000 personnes.
Le paysage bancaire gabonais
Il compte 10 banques agréées par la commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac) qui elle-même est rattachée à la Banque des états d’Afrique centrale (Beac). Filiales de grands groupes panafricains pour la plupart, les banques établies au Gabon se partagent un marché de 1.6 million d’habitants où seulement 15% de la population est bancarisée, grâce au forcing opéré par l’Etat. Comment les banques gabonaises sont-elles capitalisées ? Qui détient leurs actions ?
Au Gabon le domaine bancaire est largement dominé par le Groupe BGFIBank dont la filiale locale détenait environ 47% des parts de marchés au 31 décembre 2014. Au plan capitalistique, BGFIBank Gabon est la banque gabonaise qui affiche le capital social le plus important soit 53,8 milliards Fcfa. Profitant d’une présence historique dans le pays et de liens privilégiés qu’elle entretient avec les autorités gabonaises (dont certaines font parties du capital à titre privé), la BGFIBank a réussi à devenir la banque leader au sein de la communauté économique des états d’Afrique centrale (CEMAC) en s’appuyant sur le Gabon, marché pourtant plus étriqué que le Cameroun où sa présence reste modeste.
Ainsi sur l’exercice 2014, le produit net bancaire du groupe (qui traduit son chiffre d’affaires) provenait-il à 44% du Gabon quand l’ensemble des autres pays d’Afrique centrale où le groupe est présent, contribuaient à hauteur de 40%. Des données qui permettent de constater combien le Gabon est indispensable dans la constitution des résultats du groupe BGFI.
Avec un capital de 25 milliards Fcfa, la Banque gabonaise de développement (BGD) a le capital le plus important après BGFIBank Gabon. S’il faut rappeler que ses missions sont différentes d’une banque commerciale classique, la BGD est avec la PosteBank (dont le capital social est de 10 milliards FCFA) et la banque de l’habitat, la seule banque où l’Etat gabonais détient des parts majoritaires au capital.
Avec environ 16% de parts de marchés chacune, la banque internationale pour le commerce et l’industre du Gabon (Bicig) (groupe BNP Paribas) et l’UGB (groupe Attijariwafa Bank) secondent BGFIBank au classement gabonais des banques. Comme BGFI, leurs parts de marchés se sont érodées avec l’arrivée de nouveaux acteurs comme Ecobank, et la nigériane UBA, dont les stratégies offensives et la proximité ont permis d’accroitre le réseau d’agences bancaires dans le pays. Au plan capitalistique, Orabank, UGB, Ecobank et UBA affichent un capital compris entre 9 et 12 milliards de Fcfa, un niveau pas loin du minimum exigé par le régulateur bancaire d’Afrique centrale.
Concernant la Citibank et ses 18 milliards de Fcfa de capital social, l’établissement s’est spécialisé dans le financement des entreprises notamment du secteur des mines et du pétrole. Elle n’offre donc pas de services aux particuliers.
Si le défi vise aujourd’hui à atteindre le cap de l’inclusion financière de toute la population, le constat est que les crédits aux entreprises et aux ménages (fonctionnaires, employés du privé) connaissent une importante augmentation depuis quelques années. La forte concurrence dans ce secteur (établissements de micro-finance, banques ouest africaines, capitaux marocains) justifie aujourd’hui les positions de certains grands groupes qui veulent soit quitter le pays comme BNP, soit renforcer leurs investissements pour tenir à l’instar de Attijatiwafa bank.