Dans un contexte de baisse continue du prix du pétrole et de resserrement budgétaires, le gouvernement compte relancer l’économie grâce à un plan de croissance s’appuyant sur l’investissement avec notamment un soutien plus accru au secteur privé. Pour cela, la mise en place d’un environnement des affaires compétitif semble être primordiale. Un nouveau gouvernement placé sous le signe du développement des investissements privés.
Le Chef de l’Etat dans son Discours d’investiture du 27 Septembre 2016 a précisé que «…l’amélioration du climat des affaires doit demeurer une préoccupation de tous les instants». Préoccupation réaffirmée par Emmanuel Issozet Ngondet, le Premier ministre durant sa déclaration de politique générale du 10 novembre dernier au Palais Léon Mba: «La mise en place du nouveau gouvernement est intervenue dans un contexte économique difficile marqué notamment par le ralentissement de la croissance du Pib, la hausse du déficit du compte courant et celle constante de la dette publique, la stagnation des investissements directs étrangers (Ide) et la diminution significative des ressources budgétaires ». Et le chef du gouvernement d’évoquer ensuite la nécessité d’accélérer le rythme de la mise en œuvre du Plan Stratégique Gabon Emergent (Psge) au travers de l’adoption d’un plan de relance économique.
Il a ainsi identifié des axes spécifiques visant à l’assainissement du climat des affaires sur lesquels le gouvernement doit se pencher, constat repris par le ministre de l’Economie, de la prospective et du développement durable dans son interview à des confrères de la presse du 14 novembre. «…Ce nouveau plan visera à relancer l’investissement au Gabon, en comptant sur un soutien accru au secteur privé. L’objectif étant de renouer avec une croissance plus forte et pour être efficace, ce plan de relance devra être appuyé par de nombreuses réformes capables d’instaurer un environnement plus favorable aux investisseurs privés, à travers une amélioration de la compétitivité et de la concurrence».
Un engagement du gouvernement à répondre aux différents obstacles de l’environnement des affaires par des réformes structurelles et institutionnelles. De nombreuses orientations sont prévues pour restaurer la confiance des investisseurs, en fonction des différentes contraintes pesant sur l’économie gabonaise. Ainsi dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a donné les pistes de l’assainissement du climat du business au Gabon.
Selon le rapport sur l’amélioration des affaires en Afrique centrale des Nations-unies ou encore les cahiers économiques du Gabon de la Banque mondiale, les principaux obstacles au climat des affaires sont : l’accès au financement ou faible intermédiation financière. Le crédit au secteur privé ne représentant que 15% du PIB. Pour répondre à cette problématique, le Pm évoque la création d’une banque ayant des capacités d’investissement au service du développement du pays. Mais aussi de la mise en place d’un fonds de garantie des PME.
Ensuite, il y a le problème de la main d’œuvre insuffisamment qualifiée et d’une réglementation du travail plutôt rigide. Concernant l’atteinte de cet objectif, le gouvernement annonce une accélération de la professionnalisation des formations dans certains secteurs par la formation. Dans ce sens, l’Ecole des métiers du bois de Booué et l’Ecole régionale des eaux et forêts de Makokou sont appelées à jouer un rôle déterminant. L’autre axe prévu est la réhabilitation des universités nationales et l’accélération au cours des quatre prochaines années du programme de construction des infrastructures scolaires et universitaires.
L’inadéquation des infrastructures
Une nouvelle loi régissant le secteur de l’eau et de l’énergie. Celle-ci permet d’attirer de nouveaux investisseurs pour la réalisation des ouvrages de production et de transport d’énergie électrique, d’une part, et d’eau potable d’autre part. Le Gouvernement dont les moyens sont maintenant limités compte sur les PPP (partenariat public-privé) pour le développement des infrastructures et envisage à créer une structure dédiée au suivi des PPP.
Le Premier ministre entend également adresser les problématiques liées au droit foncier et l’inefficacité de la bureaucratie publique. Pour cela le Gouvernement annonce vouloir accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles prévues dans les recommandations des assises nationales de la fiscalité de 2015. Il s’agit entre autres du développement de la fiscalité foncière ; de la modernisation des services et la dématérialisation des procédures ; etc.
D’autres réformes tout aussi importantes, concernant la réglementation fiscale ou encore la corruption, sont énoncées. L’on peut ainsi citer le nouveau code des marchés publics à venir, qui réaffirmera le principe de la concurrence, une nouvelle loi sur la concurrence qui mettra notamment en place une Autorité nationale de la concurrence (ANC), un accroissement de la lutte contre la corruption, une baisse des coûts portuaires et du prix des produits locaux, une lutte contre la vie chère, etc.
Un secteur privé dynamique, élément indispensable à la diversification de l’économie gabonaise doit également émerger. Car, dans le contexte actuel, la capacité de l’Etat à financer seul l’investissement devient limitée. Ainsi, les partenariats publics-privés constituent un levier important pour le développement des infrastructures nécessitant des investissements lourds dans certains secteurs comme l’énergie, le transport, l’industrie, etc.
Le cadre juridique et judiciaire bien qu’en pleine mutation semble encore perfectible, avec des délais importants pour la création d’entreprises et des carences dans la protection des investisseurs. Des réformes importantes ont déjà été initiées, avec le renforcement du dispositif institutionnel (création de l’Anpi en remplacement de l’Apiex, du Cde et de PromoGabon) et l’élaboration d’une loi pour les partenariats publics-privés, etc.
Néanmoins, l’ambition du Gabon émergent de bâtir un cadre des affaires de rang international et attirer l’investissement privé comme nouveau pilier de croissance, nécessite des réformes plus importantes. Cette approche invite le Gouvernement à développer des rapports de confiance au travers d’un dialogue efficace centré sur les préoccupations des investisseurs et du secteur privé.
Ainsi, des thèmes centraux tels que le coût et la flexibilité du travail, les conditions d'accès au financement, la disponibilité de la main d'œuvre (étrangère ou gabonaise), etc. devront faire l’objet de concertation public-privé. Le tout en s’appuyant sur des institutions fortes comme la Chambre de commerce, la Cpg, l’Anpi et le Hci dont les activités démarrent à peine.