Lors de sa récente rencontre avec le Premier ministre, le porte-parole de la majorité n’a pas manqué d’entretenir les membres du gouvernement sur le sens de leur présence aux côtés d’Ali Bongo.
Guy Christian Mavioga ne manque pas de culot. Après avoir suggéré en septembre dernier à Ali Bongo de quitter le Parti démocratique gabonais (PDG) pour créer sa propre formation politique, la semaine écoulée, profitant de son entretien avec Emmanuel Issoze Ngondet, le Premier ministre, il n’a pas hésité à donner quelques «conseils» aux membres du gouvernement. Le Secrétaire général exécutif du Bloc démocratique chrétien (BDC) a tenu à les entretenir sur le sens de leur présence aux côtés d’Ali Bongo.
Tout en saluant la promotion de l’ancien ministre des Affaires étrangère, le maintien de certains ministres et l’entrée au gouvernement d’autres personnalités, il n’a pas moins indiqué à leur endroit qu’«être ministre, est un privilège certes, mais c’est surtout, un don de soi pour la Nation, pour la République car un ministre est avant tout un serviteur à la disposition du peuple par le sacerdoce qui est le sien». Guy Christian Mavioga a notamment porté à la connaissance des membres du gouvernement (comme s’il en était besoin) que «pour un Premier ministre ou un ministre, sa vie et son travail sont associés aux notions de service, de discipulat et de l’amour de la patrie». «Un ministre, a-t-il précisé, n’a plus d’ambitions personnelles, son ambition c’est d’être disciple, c’est-à-dire celui qui se laisse instruire en permanence par son maître en travaillant par amour et avec amour sur la base de ses instructions et de la déclaration de politique générale du Premier ministre encadrée par le projet de société du chef de l’Etat.» Difficile de ne pas voir dans la conception du leader du BDC une certaine aliénation des membres du gouvernement, désormais rendus à la servitude et à la soumission du «maître» Ali Bongo.
Et à l’endroit des personnalités issues de l’opposition ayant rejoint le gouvernement, la «leçon» du porte-parole de la majorité n’en dit pas moins. Il a semblé ne pas voir de différence entre eux et les ministres issus des rangs du PDG ou autres partis de la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence (MRSE). «Etre membre du gouvernement pour notre cas, c’est être disciple d’Ali Bongo Ondimba et serviteur d’Ali Bongo Ondimba, et travaillant sur instructions du maître qui est dans ce cas, le chef de l’Etat. Accepter d’appartenir à un gouvernement, c’est accepter de servir un homme, une vision pour la construction de la République sur la base de son instruction», a-t-il adressé aux «ouvriers de la dernière heure», qu’il nomme respectueusement «les 0%», et dont il assure qu’ils ont désormais pris fait et cause pour le président de la République.