Nommé lors du conseil des ministres du 10 novembre dernier, Vincent de Paul Katoua Soumanga, 51 ans, occupait jusque-là les fonctions de chef d’antenne de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI) à l’Ambassade du Gabon à Brazzaville.
La nomination de ce Lieutenant-Colonel de Police originaire de la Djouori-Agnili (Bongoville), précédemment conseiller chargé de l’Emi-Immigration et chef d’antenne de la DGDI à l’Ambassade du Gabon au Congo, semble arranger beaucoup de monde. Et, en premier lieu le Général Laurent Nguétsara, patron de l’ex-Cedoc de 1989 à son départ à la retraite en 2007, dont il est proche.
Depuis son retour «au devant de la scène», en février 2012 avec sa nomination comme secrétaire général du Conseil national de Sécurité (CNS), ce Général à la retraite a toujours, selon un officier supérieur en poste dans la «maison», jeté un regard sur le fonctionnement de la DGDI.
Diverses sources proches de la DGDI soutiennent que le départ du Général Célestin Embinga était en fait prévu de longue date, en raison de nombreuses inimitiés dans son giron altogovéen. L’affaire «Echos du Nord-Faits Divers» ne pouvait donc que bien tomber pour ces contempteurs qui tenaient à sa chute. Célestin Embinga aurait eu le tort de réhabiliter, de moderniser et de transformer le siège de la DGDI avec la manne financière énorme générée par cet organisme ; l’ancien directeur de la Police de l’Air et des Frontières (PAF) aurait dû se montrer plus «généreux» qu’il ne l’était à l’endroit de sa hiérarchie et des «gens qui comptent dans les services» et surtout de ceux qui lui avaient permis de parvenir à ce poste. Il aurait dû aussi épuiser toutes les voies de recours à sa disposition au lieu de se faire violemment justice dans l’affaire qui l’oppose à Echos du Nord. Il lui aura manqué de maîtrise de soi, de self control.
C’est dans ce contexte que la supervision de la DGDI échoit à Vincent de Paul Katoua Soumanga. Le nouveau patron de l’ex-Cedoc va devoir démontrer son savoir-faire, étaler ses compétences et montrer des qualités de manager. Car, comme l’avait dit Guy Bertrand Mapangou, alors ministre de l’Intérieur, lors de la cérémonie d’installation du Général Embinga en juin 2014, «la DGDI est un service sensible, stratégique, donc un service important pour notre pays : la DGDI n’est pas un long fleuve tranquille»…
Général de division, Célestin Embinga a dirigé la DGDI pendant vingt-neuf mois. Il avait succédé au Général Mondjo Boukila, un officier qui avait fait l’essentiel de sa carrière dans la maison.
Il reste que la nomination d’un Lieutenant-Colonel à la tête de cette administration policière pose un problème dans une maison qui compte des agents plus gradés que lui et qui, sans doute, attendaient leur tour d’occuper le fauteuil supérieur. La propulsion de Paul Katoua Soumanga en marge de la logique hiérarchique de son corps génère nécessairement des frustrations dans la maison. «Sous Omar Bongo, on l’aurait d’abord fait général avant de le nommer là, ou alors sa nomination devait intervenir synchroniquement avec la montée en grade», estime un policier à la retraite avant d’ajouter : «il va nécessairement être fait Général, mais a posteriori cela pose toujours un problème de regard et ça donnera toujours de lui l’image de quelqu’un de pistonné». S’il est un proche du Général Laurent Nguétsara, actuel secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS) qui a dirigé la DGDI durant de longues années, nos confrères de La Lettre du continent estiment que «Vincent de Paul Katoua Soumanga a été nommé grâce à son cousin Martin Boguikouma, le nouveau dircab’ du président gabonais» et d’ajouter que «cet officier peu charismatique a été formé à l’Ecole de police d’Owendo-Libreville».