La crise postélectorale survenue après la présidentielle gabonaise est certes passée, mais le feu couve toujours sous la cendre. Pour la grève illimitée lancée par deux syndicats de l’Éducation nationale, d’aucuns y voient une main occulte de Jean Ping.
Jean Ping, l’instigateur d’une désobéissance civile au Gabon ?
La réélection d’Ali Bongo Ondimba a été proclamée par la Cenap et confirmée par la Cour constitutionnelle. Mais Jean Ping, le porte-étendard de l’opposition, continue de contester ces résultats. Retranché en France depuis fin octobre, le candidat malheureux appelle à des actions de contestation contre le président gabonais. Aussi, certains observateurs verraient derrière certains mouvements sociaux, une main manipulatrice de l’ex-président de la Commission de l’Union africaine. En effet, la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (Conasysed) et le Syndicat de l’Éducation nationale (Sena) revendiquent le paiement des primes, des intégrations et surtout des nouvelles salles de classe. C’est donc par une grève illimitée que ces syndicalistes comptent se faire entendre, deux semaines après la rentrée des classes.
Toutefois, le gouvernement gabonais tente de relativiser les choses. À en croire un haut cadre du ministère de l’Éducation nationale, sous couvert de l’anonymat, il n’y a forcément pas corrélation entre les revendications politiciennes de Ping et celles corporatistes des deux principaux syndicats d’enseignants. Car, argumente-t-il : « Chaque année, c’est la même situation », avant de reconnaître : « N’oubliez pas que le pays sort d’une grave crise postélectorale. » Les cours qui étaient censés démarrer effectivement ce lundi s’en trouvent fortement perturbés.
Quoi qu’il en soit, les tensions politiques ont toujours eu des incidences sur l’atmosphère sociale en Afrique. Les déclarations de Ping, du genre « le résultat va être inversé. Je vous le dis. De gré ou de force. » en disent vraiment long. Les avocats de dernier ont même introduit une requête en révision de la décision de la même Cour Constitutionnelle. De là à établir un lien entre les événements au Gabon n’est qu’un pas que certains observateurs ont vite fait de franchir.