La décision a été prise hier jeudi 10 novembre par le nouveau premier Ministre, Emmanuel Issoze-Ngondet, lors de la déclaration de sa politique générale devant l’Assemblée nationale. Pour Issoze-Ngondet, il faut créer de toute urgence les conditions d’un dialogue politique national, afin de tourner définitivement la page des conflits permanents, qui ne cessent de rétrograder le pays depuis des décennies.
Inutile de rappeler ici que la déclaration de politique générale du Premier Ministre, Franck Emmanuel Issoze-Ngondet a donné lieu à un vote de confiance des députés, qui l’ont approuvé majoritairement. Une formalité pour un hémicycle très largement dominé par le parti démocratique gabonais au pouvoir. Comme l’ont fait ses prédécesseurs jusque-là, le nouveau locataire de l’immeuble du 02 décembre a annoncé lui aussi les couleurs de son gouvernement, avec une pléiade des mesures qui finiront certainement elles aussi dans le placard des oubliettes.
Il s’agit entre autres de la pacification du climat social, de la diversification du secteur hors pétrole, afin de mieux faire face à la chute drastique et continue des recettes pétrolières qui affectent durement les caisses de l’Etat, l’économie gabonaise reposant à plus de 60% sur la rente pétrolière. L’autre mesure annoncée sera l’accélération du programme de l’égalité de chances, qui devra permettre de lutter contre l’exclusion sociale et le chômage de masse qui restent une épine dans le pied du gouvernement. Il s’agit pour la plupart, des mesures qui remontent au premier mandat présidentiel d’Ali Bongo en 2009, mais qui connaissent des faiblesses énormes dans leur mise en œuvre, avec les gouvernements successifs ayant précédés celui d’Issoze-Ngondet.
Excepté le dialogue politique national qui devient subitement la préoccupation majeure de ce deuxième septennat, tout le reste semble, à y regarder de près, à quelque chose de déjà vu. Et pour cause, le pays traverse une crise aigüe depuis le terme de la dernière élection présidentielle. Impossible de gouverner dans un contexte de tension extrême, marqué par une résistance acharnée de Jean Ping, qui peine toujours à avaler la pilule amère de la réélection de son rival. C’est pourquoi, pour marquer le coup, le nouveau premier Ministre a annoncé, dans la foulée, le lancement officiel des contacts en vue de la tenue urgente du fameux dialogue politique, l’objectif étant de sortir, comme l’a dit Ali Bongo Ondimba, de la logique des conflits permanents qui dénaturent nos valeurs et notre cohésion sociale.
Et si le camp du pouvoir a toujours refusé de se prêter à un tel exercice de dialogue, il semble désormais suffisamment acculé pour ne plus opposer un quelconque refus systématique à cette discussion qui apparaît désormais comme une exigence incontournable en cette période post-électorale tendue. Reste à l’opposition, du moins celle qui a accepté de prendre part à ces assises avec le pouvoir, de saisir le moment et imposer un contenu du dialogue qui contraigne le palais du bord de mer à adopter un certain nombre des réformes démocratiques, débouchant effectivement sur la mise en place d’institutions plus fortes. Car comme l’a dit le président américain, Barack Obama, l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes. Et les institutions fortes, il est temps que le Gabon en dispose lui aussi.