Banni, honni et accusé presque unanimement d’être l’homme par qui la malédiction est entrée chez les Panthères, Jorge Costa, l’entraîneur de l’équipe nationale du football gabonais a été suspendu la semaine dernière par une décision du plus haut sommet de l’Etat. Mieux qu’une suspension, il s’agit en principe d’un limogeage qui ne dit pas son nom. Mais a-t-on pour autant conjuré le mauvais sort qui colle à la peau des félins gabonais incapables de dévorer leurs proies ?
Avec plus de 45 millions de FCFA de salaire par mois, un logement de haut standing, un véhicule de fonction muni d’une plaque bleue, sans compter les autres avantages liés à son statut d’entraîneur, Jorge Costa a été décrié partout comme l’homme par qui le mauvais sort est entré dans le football gabonais. Des avantages considérables qui ressemblent à bien des égards à un vrai scandale, dans la mesure où les résultats attendus ne sont pas à la hauteur du traitement outre-mesure réservé au Portugais depuis deux ans. Des matchs amicaux perdus à domicile quand ce ne sont pas des nuls comme celui joué avec le Maroc dernièrement à Franceville. La liste des déconvenues est loin d’être close.
A ce tableau déjà sombre s’ajoute le manque d’autorité et de fermeté du Portugais sur les joueurs qu’il est censé manager. Ce qui, selon ses détracteurs déteint sur la qualité des Panthères qui se laissent aller à toute sorte de loisirs et dérives, au détriment d’un encadrement technique performant. Pire, sous le mandat du Portugais, le classement FIFA du Gabon aura plus que chuté, passant ainsi de la 44ème place à son arrivée, il y a deux ans à la 110ème place aujourd’hui. Un cocktail de fautes qui a conduit les autorités du pays à prendre la mesure forte, la suspension du coach, on ne sait pour combien de temps, surtout à quelques deux mois du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations, (CAN Total Gabon 2016).
Une mesure qui ne résout pas le problème
La suspension de Costa ressemble, à y regarder de près, à un coup de fusil qui n’atteint pas sa cible. Car à deux mois seulement du lancement officiel de la CAN, c’est une décision qui est loin de mettre fin aux échecs répétés des Panthères depuis des années. Le malaise dont souffre l’équipe nationale gabonaise est profond et ne saurait se résoudre par la simple suspension ou le simple limogeage d’un entraîneur. Car au-delà de la compétence avérée ou non de Jorge Costa, le football gabonais, du moins pour ce qui est de l’équipe nationale, souffre gravement de l’esprit du favoritisme en cours dans notre pays.
L’équipe gabonaise manque d’une profondeur de banc qui soit à même d’assurer, et cela de manière efficace sa performance et sa technicité sur le terrain durant les 90 minutes de jeu. Et cela non pas parce que le pays manque de talents, mais simplement parce que les recrutements au sein de l’équipe nationale sont souvent tributaires d’un certain nombre de pesanteurs politiques, souvent au détriment de la qualité et du niveau de joueurs à sélectionner.
Exceptées quelques individualités comme Aubameyang , Ecuele Manga, Mario Lemina, pour ne citer que ceux-là, une bonne partie de la sélection n’est assise généralement que sur des critères le plus souvent géo-ethniques et politiciens. Et cela soit parce qu’il s’agit de "fils à papa" ou des "neveux à tonton" ayant une influence considérable à la Fegafoot ou au ministère des Sports.
Ce qui sous-entend que même avec les entraîneurs les plus chevronnés, le Gabon n’arrivera jamais à mettre sur pied une équipe nationale des Panthères qui soit opérationnelle pour rivaliser avec les grandes nations du football continental comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria, la Zambie etc… C’est dire qu’en pensant résoudre le problème des Panthères par le renvoi ou le recrutement à la dernière minute des entraîneurs, sans mettre l’accent sur la qualité des joueurs à recruter dans l’équipe nationale, le problème reste et restera toujours entier, avec une succession d’échecs indéfinis.