Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Politique
Article
Politique

Climat postélectoral : L’authenticité inquisitrice de Séraphin Moundounga
Publié le mardi 8 novembre 2016  |  Gabon Review
Séraphin
© Autre presse par DR
Séraphin Moundounga, Vice-Premier ministre, ministre de la Justice
Comment


Les organisateurs de la dernière présidentielle ne peuvent minimiser les déclarations de l’ancien garde des Sceaux. Répondre aux aspirations du peuple est une nécessité pour envisager l’avenir avec sérénité.

Séraphin Moundounga s’est mis à table. Il n’a certainement pas encore tout dit. Mais il a dit et confirmé beaucoup de choses sur la dernière présidentielle. Son témoignage permet aux observateurs de se faire une idée du climat au sommet de l’Etat après le 31 août dernier. Les organisateurs de cette élection ne peuvent, en conséquence, faire comme si de rien n’était.

Ancien président des jeunes du Parti démocratique gabonais (PDG), ancien secrétaire du groupe parlementaire, ancien questeur de l’Assemblée nationale, membre du gouvernement sans discontinuer durant le septennat échu, Séraphin Moundounga en sait un peu sur la pratique politique de la majorité. Ayant été de toutes les campagnes électorales, c’est un témoin privilégié, un acteur essentiel du jeu politique national. Son propos ne peut laisser insensible. Il interpelle, suscite des inquiétudes et incite à se projeter dans l’avenir.

De notoriété publique, Séraphin Moundounga a toujours entretenu d’étroites relations avec Guy Nzouba Ndama. On dit l’ancien Garde des Sceaux protégé voire surprotégé par l’ancien candidat à la présidentielle de 2016, par ailleurs ancien président de l’Assemblée nationale. Du coup, les motivations profondes de sa rupture avec Ali Bongo et le PDG peuvent prêter à débat. Chacun est libre d’y aller de son analyse et de ses conjectures. Mais on est bien obligé d’évaluer le sens et l’importance de ses assertions.

Portée des déclarations

En tout cas, les railleries sur le «mythe du hacker ivoirien piratant des procès-verbaux manuels» jettent le discrédit sur toute l’élite intellectuelle d’un pays où est pourtant installé l’Institut africain d’informatique (IAI). La dénonciation du refus de se plier à «l’expression du choix du peuple» en dit long sur l’état d’esprit des organisateurs des différents scrutins. L’allégation selon laquelle «personne n’avait été pris la main dans le sac en 2009» laisse éclater tout le cynisme des institutions. La mise à l’index de toute tentative de vouloir «cautionner l’existence d’un président au Gabon» confirme le déficit de légitimité de l’actuel exécutif. L’invitation au peuple à demeurer mobilisé pour «défendre son droit à la vie et le respect de son droit à choisir librement ses dirigeants» remet en cause l’ensemble des scrutins organisés depuis 26 ans maintenant. Les accusations concernant «un tyran devenu sanguinaire» relancent le débat sur le bilan réel des événements postélectoraux.

Fiers-à-bras comme toujours, les propagandistes de l’actuel exécutif tenteront, sans aucun doute, de minimiser la portée de toutes ces déclarations. Mais la réalité finira toujours par les rattraper. Sauf à défendre des avancées en informatique inconnues du reste de l’humanité, à faire du suffrage censitaire l’équivalent du suffrage universel, à banaliser les injustices et brimades dont furent victimes André Mba Obame et ses proches, à faire prévaloir la logique du fait accompli, à se préparer à de nouvelles vagues de répression ou à escamoter définitivement le bilan des émeutes postélectorales. On doit pouvoir s’inquiéter du climat anxiogène actuel et de la faillite constatée de l’Etat de droit. Avant de défendre une cause, il faut s’assurer de sa justesse. Pour avancer des arguments, il faut préalablement analyser la situation. Engagées dans l’indifférence de la communauté internationale, les précédentes contestations des scrutins présidentiels finissaient toujours par retomber. Au lendemain d’un scrutin observé par l’Union européenne, le chemin de la normalisation semble beaucoup plus escarpé.

Déni des réalités

Le bon sens et la défense de l’intérêt général commandent d’analyser la démarche et les propos de Séraphin Moundounga avec froideur et lucidité. Les certitudes des sectateurs de l’émergence reposent sur une mauvaise évaluation du rapport de forces sociologique. Elles dénotent d’un déni des réalités ou tout simplement d’une incapacité à vivre avec leur temps. En réalité, le corps social national penche définitivement d’un côté et, le développement des technologiques de l’information rend illusoire toute prise de liberté avec la vérité. Ali Bongo et les siens doivent nécessairement en tenir compte. Autrement dit, ils doivent répondre aux aspirations du peuple, singulièrement les jeunes générations, à plus de démocratie et de liberté. Pour envisager l’avenir avec sérénité, ils doivent réfléchir aux voies et moyens de ne pas laisser le Gabon décrocher sur des questions comme la défense des libertés individuelles, le respect de la loi de la majorité, la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice. Les populations ayant soupé des manipulations électorales, chacun doit s’efforcer de mesurer les risques à venir.

Jadis présenté comme incapable de se démocratiser ou rétif au respect du choix du peuple, le Myanmar est aujourd’hui dirigé par un proche de Aung San Suu Kyi. Comment défendre alors le maintien du Gabon dans le cycle infernal des manipulations électorales ? Les peuples savent toujours reconnaître et rendre hommage aux artisans de la démocratie. Pour l’avenir de la nation, du pays et de la République, une rupture avec les errements antidémocratiques s’impose. Dans l’intérêt d’Ali Bongo, c’est une nécessité.
Commentaires

Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux


Comment

Comment