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Cabinets ministériels : Tribalisme et régionalisme en force
Publié le lundi 7 novembre 2016  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Le président de la République et le gouvernement, au sortir du Conseil des ministres du 4 octobre 2016.
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Le nouveau gouvernement a été annoncé le 2 octobre dernier. Depuis leur prise de fonction, les nouveaux venus s’attellent à la formation de leur cabinet. Chaque ministre disposant soit de 32 membres de cabinet pour les ministres titulaires, soit de 21 membres pour les ministres délégués, chacun d’eux est en train de voir qui sont les «cadres du village» qui vont le rejoindre. Très peu semblent avoir «une haute idée du Gabon» !

Quelle coloration auront les cabinets ministériels du gouvernement Issozet dont les membres peaufinent actuellement la composition ? Auront-ils une coloration républicaine, régionale, ethnique ou tribale? Plusieurs indicateurs laissent penser que ces cabinets seront tout sauf républicains, malgré la recommandation du chef de l’Etat.

«Le chef de l’Etat nous a demandé de nous ouvrir aux autres ; il nous a recommandé d’avoir des cabinets ouverts, ce qui veut dire que nous ne devons pas travailler qu’avec nos parents, mais avec les élections législatives qui arrivent en décembre, comment pouvons-nous ne pas nous entourer en priorité de nos parents ? Qui va nous faire gagner les élections ?», s’interroge un membre du gouvernement qui tient à obtenir l’investiture de son parti pour les prochaines élections législatives.

Happés par l’incertitude d’une victoire aux législatives de décembre, nombre de ces nouveaux ministres reçoivent beaucoup en ce moment, notamment chez eux pendant les week-ends. On leur conseille d’avoir dans leur entourage professionnel et politique des ressortissants des villages les plus représentatifs du canton. On leur recommande de ne pas oublier que le chef de cabinet, les chargés de mission, doivent être du village, et que le directeur de cabinet peut être du canton, du département, sans être nécessairement de la même ethnie.

Par ailleurs, pour «sanctuariser» le poste, on leur conseille vivement de nommer au poste de secrétaire particulière une tante ou une sœur de confiance. Ce qui est plus étonnant, ces conseils ethnocentristes sont prodigués par les «doyens politiques». Lorsqu’ils sont consultés à ce sujet, affirme un membre du gouvernement, ils suggèrent aussi que la grosse part de postes à pourvoir revienne aux natifs de la localité dont est issu le ministre.

«Le ministre que j’ai remplacé m’a proposé de prendre un des siens au protocole, mais je ne peux donner suite à sa requête, parce que le «doyen» de ma localité m’a conseillé de prendre quelqu’un du village du grand chef de chez nous», confie un nouveau membre du gouvernement, qui ajoute : «Il m’a dit que si je veux me porter candidat aux législatives, il me faut des gens qui sont respectés au village». Et il se trouve que le grand chef du village est respecté et écouté.

On leur demande, on leur conseille, on leur suggère tant et tant de choses afin qu’au final sur les trente-deux postes de membres du cabinet, les trois-quarts de ces postes soient réservés à «nous-mêmes, nous-mêmes».

Pourtant, dès son arrivée au pouvoir Ali Bongo avait de déraciner la fameuse «géopolitique» qui avait érigé le tribalisme et le régionalisme comme ascenseur social, laquelle avait fini par anesthésier toute méritocratie. Peine perdue, le tribalisme et le régionalisme sont encore bien enracinés. Mais aujourd’hui, il n’y a pas que ça. Il y a aussi ce que les nouveaux venus appellent le clin d’œil. «Pour remercier le président de la République et le Premier ministre qui m’ont nommé, je dois prendre dans mon Cabinet un conseiller Téké et un conseiller Kota», révèle un autre nouveau membre du gouvernement à qui on a dit que le clin d’œil est en mesure de lui assurer un long bail au gouvernement.

Dans quelques semaines, la composition des premiers cabinets ministériels va être connue. On mesurera l’ampleur du tribalisme mais aussi son impact sur la capacité de ces cabinets à concevoir des politiques publiques capables de promouvoir le développement du pays.
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