Nommé le 28 septembre, et bien qu’ayant tenu son premier Conseil des ministres le 4 octobre, le Premier ministre n’est toujours pas passé faire sa déclaration de Politique générale devant les députés. Pourtant, ses ministres se rendent à l’Assemblée nationale, alors que cette institution n’a pas encore voté la confiance au chef du gouvernement. Même si les députés n’en parlent pas encore à haute voix, il y a de l’eau dans le gaz.
Cette situation est à l’origine des turbulences et des incompréhensions entre l’équipe d’Emmanuel Issoze Ngondet et les députés de l’Assemblée nationale. L’article 28a de la Constitution stipule que «dans un délai de quarante-cinq jours au plus, après sa nomination et après délibération du Conseil des ministres, le Premier ministre présente devant l’Assemblée nationale son programme de Politique générale qui donne lieu à un débat, suivi d’un vote de confiance». Pour plusieurs élus du Palais Léon-Mba, le Premier ministre n’est pas obligé d’attendre la date limite le 18 novembre pour venir présenter sa déclaration de politique générale. Car, nommé en pleine session budgétaire de l’Assemblée nationale, Emmanuel Issoze Ngondet aurait pu le faire plus rapidement.
Envoyer à l’Assemblée nationale des membres d’un gouvernement non investi
Résultat des courses : alors que le Gouvernement n’est pas encore investi, des ministres passent à l’Assemblée nationale présenter les projets de budget de leurs départements ministériels respectifs. En dépit des apparences, il y a quelques incompréhensions entre les deux institutions. Selon un député qui a requis l’anonymat, «l’opposition va encore nous accuser d’être des amateurs ; c’est vraiment nous-mêmes qui leur donnons des armes pour nous abattre». N’eût été l’insistance du président de l’Assemblée nationale, les membres de cette institution refuseraient de continuer à recevoir et à entendre les membres de l’équipe Issoze Ngondet.
Une feuille de route avant le vote de confiance de l’Assemblée nationale
Ces députés évoquent aussi l’annonce faite par le Premier ministre, le 13 octobre dernier, de 173 mesures prioritaires pour les 100 premiers jours du Gouvernement. L’un d’entre eux estime qu’«il s’agit d’une annonce précipitée qui semble participer d’un manque de considération de l’institution parlementaire». Un autre député ajoute que «même s’il y a un vide juridique à ce sujet, il aurait été élégant et bienséant que le Premier ministre attende de recevoir la confiance de notre institution avant d’engager une action aussi spectaculaire -celle d’établir une feuille de route- pour son Gouvernement».
Emmanuel Issoze Ngondet est, après Paulin Obame Nguéma, le Premier ministre à être nommé en pleine session budgétaire à l’Assemblée nationale, mais l’ancien élu de Kango, lui, bénéficiait d’un temps de grâce dû au caractère exceptionnel de son gouvernement, après les Accords de Paris signés quelques jours après sa nomination, le 30 octobre 1994. Pourtant, il se présenta à l’Assemblée nationale quatre semaines après sa nomination.