Alors qu’il organisait, tout de même, sa deuxième rentrée scolaire, Florentin Moussavou a commis des erreurs monumentales qui ont été à l’origine du flop du 31 octobre 2016.
Peut-être s’est-il dit qu’il valait mieux une mauvaise rentrée scolaire que pas de rentrée du tout. Si c’est sur ce postulat que s’est appuyé le ministre de l’Éducation nationale pour fixer la date du 31 octobre comme date de la rentrée scolaire, Florentin Moussavou s’est trompé. Il y a eu, de sa part, une succession d’erreurs. Quatre erreurs précisément.
D’abord, sachant qu’il y aurait, une élection pendant les vacances, Florentin Moussavou aurait dû préparer la rentrée 2016-2017 dès le mois de mai. Cela ne s’est pas fait. C’est en réalité en septembre seulement qu’il a commencé à réunir ses collaborateurs pour une rentrée des classes initialement prévue pour le dernier lundi du mois de septembre !
Quatre erreurs monumentales
Renvoyée une première fois pour le 17 octobre, cette reprise des cours a été ajournée au 31 octobre. De nombreux collaborateurs du ministre, parmi lesquels des membres de l’Administration centrale, se sont étonnés de la légèreté avec laquelle le ministre conduisait les débats, croyant qu’il suffisait d’annoncer des dates «pour que cela se fasse».
Or, selon les responsables de l’administration de l’Éducation nationale, une rentrée des classes «s’est toujours préparée pendant deux à trois mois» parce qu’il faut finaliser les listes des élèves admis en classe de 6ème, celles des élèves transférés, celles de ceux qui arrivent en classe de seconde, régler le problème des outils de travail, affecter les tableaux noirs et les tables-bancs dans tel ou tel établissement.
Comme si cette première erreur ne suffisait pas, il en a ajouté une deuxième : le rétropédalage sur la rentrée des classes des écoles privées. Ces établissements avaient démarré dès le 3 octobre. Le lendemain, le ministre les enjoignait, par un communiqué officiel, de débuter les cours à la même date que l’enseignement public. Le même jour, dans une interview à Gabon Télévision, il dénonçait ces chefs d’établissement qui prenaient des décisions aussi cruciales qu’une rentrée scolaire sans s’en référer au département de l’Éducation nationale.
Flottement et légèreté
Mais, patatras, le surlendemain, Florentin Moussavou revenait sur cette décision, faisant ainsi la démonstration d’un flottement, d’un sentiment d’impuissance, d’une absence de rigueur et… d’une légèreté certaine. Il plongeait alors l’opinion dans un imbroglio, une sorte d’indécision. On commençait à se demander pourquoi faisait-il preuve d’un si grand amateurisme et d’un tel manque de maîtrise, alors qu’il est à la tête de la «Maison Éducation» depuis septembre 2015, après y avoir occupé, sous Omar Bongo, le poste de ministre délégué (dans ce département). Voulait-il en fait plomber, même inconsciemment, cette reprise des cours qu’il ne s’en serait pas pris autrement…
Il y a eu ensuite, de sa part, très peu de communication sur les modalités mêmes de cette rentrée scolaire. Quand on transforme des écoles primaires (école publique ENS, école publique 2 de la Cité Damas,…) en collèges d’enseignement secondaire (CES), on l’annonce clairement et officiellement pour anticiper tout malentendu dans l’opinion. Florentin Moussavou ne l’a pas fait. Et ce déficit de communication a causé un certain émoi parmi les parents des apprenants affectés dans ces «nouveaux» établissements.
Enfin, au sein du ministère, Florentin Moussavou n’a pas su définir les contours des attributions et missions de sa ministre déléguée. Celle-ci est pourtant spécifiquement chargée de l’Enseignement primaire. Pourquoi l’avoir mise sur le fait accompli de la transformation de certaines écoles du premier degré en établissements du premier cycle du secondaire ? Quant à son discours du 30 octobre au soir, il n’a pas rassuré la communauté scolaire et les parents d’élèves tant que ça, parce que trop abstrait. Le ministre s’y est trop appesanti sur le sens à donner à l’École, au moment où on l’attendait sur des choses concrètes.
En tout cas, le 31 octobre au matin, de nombreux chefs d’établissement ont demandé aux élèves de revenir le 7 novembre, croyant savoir que c’est peut-être à cette date que «tout sera rentré dans l’ordre».
Cette succession d’erreurs du ministre Florentin Moussavou est à l’origine du flop ayant caractérisé cette rentrée scolaire du 31 octobre. Il faut espérer qu’à l’avenir, de tels atermoiements n’auront plus droit de cité, surtout sous un ministre connaissant la «maison» depuis plusieurs années.