Tous ceux qui comme nous ont usé leurs fonds de culotte à l’école, ont dû apprendre le poème « l’Albatros » de Charles Baudelaire dont la trame est que tout géant doit pour garder sa félicité, éviter d’épouser le vulgaire. « l’Albatros », le deuxième poème de la seconde édition du recueil « Les Fleurs du mal », est un vaste oiseau des mers inégalé tant qu’il reste dans les airs, accompagnant les navires, mais devient subitement gauche et veule dès qu’il gagne la terre, peu importe les circonstances, ses grandes ailes l’empêchant de marcher.
Non pas que l’universitaire de renom que nous connaissons tous le soit déjà devenu, car ce qui distingue l’Homme de l’animal, c’est la possibilité qui lui est offerte au moyen de la pensée, « Je pense donc je suis » a dit René Descartes à la suite des latins qui affirmaient « Cogito ergo sum », de faire évoluer son état mental. Ainsi, l’on a vu dans notre Afrique par exemple un Mathieu Kerekou taxé de dictateur par le peuple béninois dans les années 70, se transformer en être angélique suite à son éviction du pouvoir qui le conduit à une retraite pendant laquelle il se mit à écrire ses mémoires et à prendre pour livre de chevet « la Bible ».
Simplement, faisons-nous la remarque qui semble le disqualifier lorsqu’il s’agira demain de parler des « choses du pays », son image, nous ne voulons pas dire qu’il est anormal de pencher dans le cadre de la lutte politique pouvoir- opposition pour Ali Bongo Ondimba, étant écornée depuis qu’il a, pour reprendre nos confrères d’ « Echos du Nord », opéré un revirement à 190°, passant allègrement d’un camp à un autre non sans, il aurait du mal à nous démentir, encaisser le moindre pécule du « distingué camarade » du Parti démocratique gabonais, PDG, pour aller convaincre la diaspora gabonaise d’Europe notamment d’adhérer à l’idée de dialogue rejetée par les partisans de l’opposant Jean Ping.
Certes, nous savions le géo-stratège très proche de René Ndemezo Obiang, ce pourquoi il s’est retrouvé aux côtés de ce dernier lors de la « défense » des idéaux prônés lors de la présidentielle de 2016 par l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, et de ce fait susceptible un jour de rejoindre son parti « Démocratie Nouvelle », mais de là à penser qu’il allait troquer sa science et sa logique contre de l’argent. Et pourtant, c’est ce qui a fini par arriver, donnant raison à ses contradicteurs d’une soirée de débat pré-électoral au cours duquel Ndoutoume Ngome tenait à montrer patte blanche et donc à se présenter comme un « Monsieur propre » de la politique gabonaise.
A l’instar du ministre sud-africain des Finances, Pravin Gordhan, plus en bonne intelligence aujourd’hui avec le chef d’Etat sud-africain Jacob Zuma. Qu’à fait Jonathan des principes régissant ou devant régir sa démarche et sa vie d’intellectuel qui veulent essentiellement qu’il mette ses acquis et son expérience au service de la communauté qu’il se doit dans sa position de défendre du reste ? C’est à cette question qu’ont visiblement du mal à répondre tous ceux qui, comme nous, l’ont connu à travers les amphis ou les plateaux de télévision où ses convictions allaient jusqu’à faire des émules et des admirateurs et les quelques lieux publics où il a été souvent vu.
En agissant ainsi, le politique devenu a-t-il volontairement décidé de quitter le monde de la félicité pour rejoindre celui du « vulgus » latin, de la plèbe, la masse, incolore et inodore, pour cesser d’être présenté par ceux qui ont plus que jamais besoin de lui dans ce rôle comme directeur de conscience très apprécié ? A-t-il refusé, comme le préconisait Platon, de poursuivre l’œuvre parfois périlleuse et risquée consistant à sortir la masse de la caverne ? Alors qu’il y a péniblement mais efficacement contribué ? Placer les Gabonais, ses compatriotes, à l’abri de la peur et du besoin, y a-t-il fondamentalement renoncé ?
L’argent est-il plus important que le combat noble qu’il a toujours mené, combat qui ressemble fort bien à celui d’un syndicaliste défendant les intérêts des travailleurs redoutant de continuer à être abusés par l’employeur ? Jonathan a-t-il simplement perdu son sens de l’abnégation, son enthousiasme d’antan et sa dévotion ? Ou a-t-il perdu de vue, lui l’homme de culture, que Nelson Mandela grâce à qui en partie les nègres Sud-Africains ont recouvré leur dignité bafouée par le régime honni d’apartheid avait en sacrifice donné 27 ans de sa vie pour libérer ses frères noirs du système raciste des Afrikaners ? Jonathan, tu es face à ta propre conscience…