En moins de 10 jours, la direction générale de la comptabilité publique et du Trésor a sollicité le marché financier sous-régional, pour un troisième emprunt par émission de bons du trésor. Retour sur les enjeux de cette opération.
L’année 2016 a été rythmée par les emprunts du Gabon au sein du marché financier de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac). Ces derniers jours, c’est la direction générale de la comptabilité publique et du Trésor, qui a été actif sur le marché financier sous-régional avec plusieurs opérations d’émission de bons de trésor.
Les bons du Trésor sont des titres obligataires émis par l’Etat, par l’intermédiaire du Trésor public. L’acheteur d’un bon du Trésor se retrouve donc créancier de l’État. Ce dernier s’engage à rembourser l’acheteur à une échéance déterminée, à lui de verser régulièrement des intérêts avant cette échéance.
La direction générale de la comptabilité publique et du Trésor a ainsi lancée une nouvelle opération, ce 2 novembre. Objectif : récolter 10 milliards de francs CFA. Si aucune information supplémentaire n’a été communiquée sur les soumissionnaires, tout porte à croire que ces bons du Trésor ont été adressés en direction du marché interbancaire. Soit un emprunt à court-moyen terme avec, cependant, des taux d’intérêts relativement élevés ; et très certainement remboursable au plus tard à l’échéance de mai 2017.
Dans tous les cas, il s’agit d’une cagnotte dont le pays a besoin pour surmonter la crise de trésorerie, à laquelle il fait face depuis plusieurs mois. Toutefois, au regard du succès mitigé de la précédente opération, l’objectif des 10 milliards sera-t-il atteint ? Lors du précédent recours au marché financier, où le pays avait sollicité 6,1 milliards de francs CFA, cette somme n’a pas été recouvrée.
Au cours l’opération initiée de la semaine dernière, en effet, seuls trois soumissionnaires ont répondu à l’appel de la direction générale de la comptabilité publique et du Trésor. Au final, seulement 4 milliards ont été récoltés, soit une réussite de 65,57%.
Cette tendance du recours accrue à l’emprunt laisse penser que les besoins financiers du pays s’accroissent de manière inquiétante. En effet, il s’agit de la troisième opération du genre lancée par le Trésor public, le tout en moins de 10 jours. C’est donc dire l’urgence de l’heure.
Entre temps, la répétition de ces opérations n’a pas toujours bon écho, bien que ces emprunts soient fondés. D’aucuns estiment en effet, qu’en plus d’avoir perdu de sa superbe financière, le Gabon souffrirait désormais d’un manque de crédibilité sur le marché financier sous-régional.
Un argument balayé du revers de la main par un agent en poste au ministère du Budget. «Concernant le succès mitigé de la dernière opération d’émission de bons du Trésor, le succès mitigé n’est nullement lié au manque de crédibilité dont souffrirait le pays», a-t-il affirmé. «Mais plutôt au risque pays assez élevé du Gabon, le contexte politico-économique oblige. Quand tout rentrera dans l’ordre, ces inquiétudes ne seront plus d’actualité», a poursuivi le fonctionnaire du ministère du Budget.