Alors que son parti, l’Union nationale oppose un "Non" catégorique au dialogue politique appelé de tous ses vœux par Ali Bongo Ondimba, Mike Jocktane, un des vice-présidents de l’UN a décidé de prendre part à la discussion avec le ‘’bord de mer’’. Il l’a fait savoir à la faveur de sa récente conférence de presse à la Chambre de commerce de Libreville, à laquelle prenaient part René Ndemezo’o Obiang, président de Démocratie Nouvelle, et l’actuel ministre de l’Economie forestière, Estelle Ondo.
« Monsieur Ali Bongo est désormais installé et il est le président du Gabon. Coup d’Etat militaro-électoral, déni de souveraineté, on pourra qualifier la situation comme on veut, mais Ali Bongo est désormais installé et il est le président légal. (…) Je me dois d’expliquer et essayer de convaincre les miens de ce que nous ne pouvons pas sacrifier le Gabon sur l’autel du passé ». Des propos de Mike Jocktane, vice-président de l’Union nationale. Incroyable, mais vrai ! Pour ce dernier, le plan "B" de Jean Ping ayant échoué, la seule issue pour sortir le pays de l’impasse reste la participation de tous les acteurs politiques au dialogue national. Il s’agit pour le vice-président de l’UN de faire aboutir le projet d’un Gabon nouveau. Un Gabon de démocratie et d’alternance politique au sommet de l’Etat.
Une sortie qui lui vaudra certainement les foudres des autres cadres du parti, qui eux ont déjà opposé un refus systématique à l’appel du bord de mer, lors du Conseil extraordinaire de l’Union nationale le 22 octobre dernier. Car pour l’Union nationale, une des filiales politiques qui ont soutenu activement la candidature de Jean Ping à la dernière présidentielle, accepter de dialoguer avec le pouvoir d’Ali Bongo c’est reconnaître explicitement sa victoire et légitimer ainsi son « coup d’Etat électoral ».
Et la présence remarquée de René Ndemez’oo Obiang et d’Estelle Ondo, tous deux assis aux premières loges de la cérémonie ne manquera certainement pas d’éveiller les soupçons de manipulation et de collusion avec le pouvoir en place. Surtout dans un contexte où toute prise de position en faveur de cette discussion est de facto assimilée à une trahison et autres recherche de prébendes. En faisant une sortie aussi scandaleuse en faveur d’un compromis politique avec Ali Bongo, et cela contre la position du cercle des Myboto, Mike Jocktane court désormais le risque d’une exclusion pour indiscipline notoire à la ligne du parti.
Et la politique étant un jeu où les alliances se nouent et se dénouent au gré des intérêts, il ne faudrait pas s’étonner de voir l’Evêque atterrir à Démocratie Nouvelle, en cas de renvoi de l’UN. Ce qui ne fera au contraire que renforcer davantage le rapport de forces en faveur du camp de Ndemezo’o dans cette rivalité, désormais nette entre les « POUR » et les « CONTRE » dialogue parmi toutes les forces politiques ayant soutenu la candidature de l’ancien président de la commission de l’Union africaine. Ce qui au finish, risquerait de laisser Ping sur le carreau, à mesure que les contacts se poursuivent dans les couloirs.