Le rapport des observateurs de l’Union Européen sur le déroulement du dernier scrutin présidentiel au Gabon serait à en croire Jo Leinen, responsable de la délégation parlementaire européenne pour la présidentielle au Gabon, défavorable à l’actuel régime qu’il accuse d’avoir manipulé les résultats dudit scrutin. La probabilité des sanctions contre le régime de Libreville est fortement élevée.
« Le Gabon est sur notre radar. Tout ce qu’on a vu ce n’est pas acceptable. Cette élection a été manipulée, il manque une légitimité pour le président », a affirmé Jo Leinen, Responsable de la délégation parlementaire européenne des observateurs à la présidentielle au Gabon. Selon ce dernier, l’unanimité pourrait facilement se dégager entre les 15 députés européens de la commission des Affaires étrangères et Développement, censés tabler sur le cas du Gabon à la suite de la publication du rapport de la mission d’observation de l’Union européenne pour l’élection présidentielle au Gabon durant ce mois de novembre.
Avec l’insatisfaction de la délégation de l’Union Européenne qui avait clairement pris position, en fustigeant le déroulement du processus électoral, le non respect de la proposition de la communauté internationale de procéder au recomptage des voix bureau par bureau, les menaces ainsi que la mise sur écoute de certains observateurs internationaux, l’UE va très certainement militer en défaveur d’Ali Bongo Ondimba. Un rapport contraire surprendrait plus d’un observateur ! C’est pourquoi, Jo Leinen prône un consensus, histoire d’éviter au pouvoir en place d’éventuelles sanctions. Selon ce dernier, l’accord de Cotonou pourrait être enclenché. « Je crois que l’Union européenne est plus ou moins forcée de prendre des sanctions. La crédibilité du Gabon, mais surtout aussi de l’Union européenne est en danger si on laisse faire de telles choses. La manipulation d’un résultat vraiment touche au cœur d’un processus démocratique » a-t-il ajouté.
Conclu en 2000 pour une durée de 20 ans, l’Accord de Cotonou constitue un tournant dans les relations de coopération entre l’Union européenne et les pays ACP dont fait partie le Gabon. Révisé le 25 juin 2005, les points d’accord sont essentiellement ( le respect des droits de l’homme, de l’état de droit et des principes démocratiques) contenus dans la Convention de Lomé, l’Accord de Cotonou introduisant la notion de "bonne gestion des affaires publiques" comme un des ses éléments fondamental du partenariat. Leur violation peut entraîner la suspension ou l’arrêt de la coopération. Le Fonds européen de développement (FED) étant l’instrument principal de l’aide communautaire à la coopération au développement aux Etats ACP.
Ce qui justifie le fait que désormais les pays de l’Union européenne peuvent suspendre l’aide immédiatement, en cas de violation grave des droits de l’Homme, des principes démocratiques et de l’état de droit. Si l’on s’achemine vers un tel scénario, la crise économique que traverse le pays va très certainement s’accentuer.