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Gabon crispé : Le regard de Bilie-By-Nzé
Publié le samedi 29 octobre 2016  |  Gabon Review
Alain-Claude
© Autre presse par DR
Alain-Claude Bilie By Nzé, ministre de la Communication
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De la crise à la Poste SA à son absence à la rencontre de Paris sur le numérique, en passant par les contours du dialogue inclusif national…Autant de sujets abordés par le ministre de la Communication, dans une interview accordée à Gabonreview ce 28 octobre.

Gabonreview : – Vous avez été annoncé aux Journées «Afrique développement et numérique» en France les 27 et 28 octobre 2016. Vous avez annulé ce déplacement au dernier moment. Qu’est-ce qui explique ce revirement alors que cette rencontre concernait un secteur important de votre département ?

Alain-Claude Bilie-By-Nzé: – C’était en effet une rencontre importante, d’autant qu’elle concernait plusieurs pays africains invités par le gouvernement français. La proposition avait été adressée à mon prédécesseur, et dès ma nomination j’ai reçu cette invitation, signe que nos collègues français tenaient à notre participation. Les collaborateurs qui m’accompagnaient y sont déjà. Ils ont voyagé un jour avant moi. Je devais partir mardi soir. Mais il se trouve que la Poste a déclenché un mouvement de grève ce même mardi. Il nous est apparu, au Premier ministre et à moi-même – après en avoir référé au Chef de l’Etat – qu’il était plus urgent de nous préoccuper de régler la question de la grève de la Poste, qui impactait directement le salaire des fonctionnaires le 25 du mois. Ce sont 19.000 fonctionnaires qui sont payés par le biais des comptes ouverts à la Poste.

Nous avons ainsi passé toute la journée de mardi à tenter de trouver des solutions avec le ministre de l’Economie qui m’a accompagné et le P.-D.G de la Poste, M. Adandé. Nous avons passé des heures dans mon bureau à négocier avec des syndicats pour trouver des solutions. La grève a été reconduite pour le lendemain, mercredi, le jour du début de la conférence. J’ai donc dû saisir mes collègues français par le biais de l’ambassadeur de France au Gabon pour signifier que je ne pouvais plus partir compte tenu de cette grève. Ce n’est donc pas un changement en relation avec une quelconque activité des réseaux sociaux.

La Secrétaire d’Etat française chargée du Numérique et de l’Innovation a annoncé sur Twitter que le ministre gabonais de l’Economie numérique «ne sera pas présent» sans plus. Pourquoi ce tweet alors?

Vous n’allez pas me demander d’expliquer ce qu’écrit un ministre français. Je ne suis pas son collaborateur. J’ai lu ce tweet, elle a écrit que le ministre gabonais ne participera plus. Bien! Elle n’a pas dit que la France avait refusé ma participation. Elle a confirmé par écrit l’invitation. Quand quelqu’un vous invite et que vous avez un empêchement, il me paraît simplement courtois d’informer directement votre hôte. C’est donc ce que j’ai fait. Si les agités du bocal qui sont à Paris ou ailleurs pensent que s’occuper du salaire de 19.000 fonctionnaires ce n’est pas important, moi je pense que c’est cela qui est important. Participer à cette conférence, c’était également important et mes collaborateurs y sont. Mais je confirme ma position : il m’est apparu prioritaire de régler les problèmes de salaire de mes compatriotes.

Certains politiques de l’opposition et la diaspora affirment que cela est une petite victoire pour eux. Ils estiment que c’est leur mobilisation qui a fait que vous suspendiez votre voyage en France.

Si l’opposition en est à considérer que cela est une victoire, c’est qu’ils n’ont rien compris. Rien ne nous empêchera de travailler pour le bien des Gabonais. Absolument rien. Plutôt que d’avoir une mobilisation sur les réseaux sociaux, qu’ils se mobilisent à Libreville parce que c’est à Libreville qu’il y a le siège du gouvernement gabonais. Ce n’est pas à Paris, Washington ou Tokyo. Parlons peu, parlons bien : il n’y a pas de diaspora gabonaise en France. Il y a, en France, une communauté gabonaise composée en majorité d’étudiants qui ont été envoyés par l’Etat pour faire des études. Il y a une bonne partie de fonctionnaires en stage dont certains ont oublié de rentrer au Gabon. Il y a quelques personnes qui sont de l’opposition. C’est respectable. Mais appeler cela diaspora, c’est assez exagéré lorsqu’on sait le poids de la diaspora dans l’économie malienne ou sénégalaise. Si la diaspora gabonaise c’est l’agitation du bocal, ils peuvent donc continuer. Cela ne nous empêchera pas d’avancer.

Evoquons la situation de la Poste. Que se passe-t-il ?

Depuis de longues années, la Poste connait d’importantes difficultés liées à la fois à des problèmes de trésorerie et des problèmes de stratégie. Le gouvernement gabonais, constatant que la Poste se portait mal, a mis en place une administration provisoire. Monsieur Michael Adandé a été nommé avec mission de proposer une feuille de route au gouvernement pour sortir de la situation. Cela a été fait. Le gouvernement s’est engagé à remplir un certain nombre de missions, notamment faire en sorte que nous trouvions éventuellement un partenaire pour continuer avec la Poste. Les partenaires ont été contactés mais il se trouve que la dette de la Poste est abyssale, à plus de 100 milliards de francs. L’Etat gabonais va prendre ses engagements au sérieux et trouver une solution.

J’ai un dossier et avec mon collègue de l’Economie, nous allons le soumettre au gouvernement pour trouver des pistes de solutions et de décisions idoines. Mais pour ce qui concerne la situation que nous avons connu il y a deux jours, les syndicats sont entrés en grève pour trois raisons. La première c’est qu’il y avait un retard de paiement des salaires du mois de septembre et ils réclamaient l’apurement de cette échéance. La seconde est que le salaire du mois d’octobre n’était pas encore payé et la troisième raison est qu’ils réclamaient la clarification de la situation de la Poste. Sur le premier point, le salaire du mois de septembre a été payé. Il a été payé avec beaucoup de retard, en date du 24 ou 25 octobre.

Le salaire du mois d’octobre sera payé à temps, puisque mon collègue du Budget a fait l’effort de faire virer la disponibilité nécessaire pour que les salaires soient payés. S’agissant du dernier point, au prochain Conseil des ministres, si tout se passe bien, nous présenterons au gouvernement nos propositions de solutions et le gouvernement va apporter la clarté dans la situation de la Poste. Cette maison a des atouts, avec notamment ses 53 bureaux à travers le pays. C’est le meilleur réseau qui existe, c’est un système d’information autonome et fiable, ce sont aussi des femmes et des hommes de métier riches d’un vrai potentiel, c’est également plus de 200.000 clients qu’il faut maintenir et rassurer. Des particuliers et aussi des entreprises avec lesquels il faut avoir un rapport serein, franc et d’accompagnement : c’est ce que nous essayons de mettre en place. Mais, il y a également un problème d’effectifs.

La Poste affiche une dette de 100 milliards de francs CFA. Cela veut dire qu’il y a eu quelque part des malversations. Où sont les responsabilités? Est-ce que des poursuites judiciaires ont été engagées ? Que se passera-t-il à ce niveau?

Vous savez, c’est l’argent du contribuable gabonais. L’Etat gabonais est actionnaire à 100%. Nous avons demandé au P.D.G de nous faire le point, et s’il y a eu des cas de malversations avérées, les tribunaux seront saisis. Les gens ne resteront pas impunis. On ne peut pas avoir joué avec l’argent des contribuables, des épargnants et penser qu’on s’en sortira comme ça à bon compte. Ceux qui seront convaincus de malversations devront répondre devant les tribunaux appropriés. Pour notre part, il n’y aura pas à tergiverser là-dessus. Ils seront présentés au procureur.

Pouvons-nous espérer que la situation revienne un jour à la normale à la Poste ?

Nous travaillons dans ce seul objectif. Cela a des implications financières importantes. En l’état actuel des finances publiques, avec la crise mondiale que nous connaissons, ce n’est pas simple. Mais nous allons travailler ardemment pour trouver des ressources afin de permettre à ceux qui ont mis leur argent à la Poste de continuer à bénéficier des services de l’entreprise. C’est une exigence. La seconde exigence, c’est de reconstituer la ressource nécessaire pour le fonctionnement de la Poste. Et la troisième c’est de redéfinir ce que nous voulons que la Poste fasse. La Poste a vu grand, peut-être trop grand même. Les idées étaient certainement bonnes, mais la conjoncture ne permet peut-être plus cet horizon. Il faut donc revenir à des choses plus essentielles, aux services traditionnels de la Poste et des banques postales. C’est ce que nous ferons.

La situation de la Poste nous amène à aborder la question de la situation financière du pays. Selon certaines informations relayées sur les réseaux sociaux, une dizaine d’entreprises seraient soit en faillite soit en défaut de paiement des salaires. Que se passe-t-il ?

Sur ce sujet, le gouvernement a été transparent et clair. Notre pays connait des difficultés financières. D’ailleurs, le budget que nous avons adopté en Conseil des ministres est en baisse par rapport à la loi de finances initiale. Il y a donc de réels problèmes. Des entreprises qui ne vivaient que de la commande publique ont de vraies difficultés comme des entreprises sous-traitantes dans le secteur pétrolier, nous n’avons pas caché cela. L’Etat continuera à remplir ses différents engagements. Cela veut dire payer les salaires, honorer ses engagements vis-à-vis des entreprises au niveau du Gabon et à l’étranger.

D’ailleurs, vous avez vu que le ministre de l’Economie a signé avec la CPG, un moratoire pour pouvoir apurer la dette intérieure et permettre d’avoir un peu de ressources pour injecter dans l’économie. C’est une situation sérieuse. Mais nous ne sommes pas les seuls. Beaucoup de pays de la sous-région, de nombreux producteurs de pétrole connaissent de réelles difficultés. Nous nous battons pour diversifier l’économie et élargir notre base productive. Pour ce qui est des entreprises qui sont en difficulté et qui sont aujourd’hui quasiment en voie de dépôt de bilan, il y a un plan qui va être soumis au gouvernement pour voir comment on va les aider à maintenir les emplois, parce qu’il y a de vraies difficultés sociales. Ce sera préconisé et le moment venu, le ministre de l’Economie communiquera dessus.

Ali Bongo a demandé un dialogue politique inclusif. Quel format et quel contenu ? C’est pour quand ?

Le dialogue politique a été préconisé par le chef de l’Etat et par d’autres compatriotes également. Il y en a qui évoquaient une forme de Conférence nationale : nous avons répondu qu’on en avait déjà eu une et qu’il n’était pas nécessaire d’en avoir une seconde. Cependant, nos institutions avaient besoin de quelque toilettage. Le chef de l’Etat a donc accepté et s’est engagé. Il l’a dit avant la campagne, il l’a réitéré pendant la campagne, il l’a redit après son investiture. Ce dialogue est indispensable. Il l’était déjà avant l’élection, il l’est encore plus aujourd’hui. Il ne faut pas se voiler la face. Nous sommes sortis de ce scrutin profondément divisés. Les résultats de ce scrutin ont montré un pays quasiment fracturé. Il faut absolument regarder les mécanismes à mettre en place pour ressouder le lien social, pour ramener la confiance des Gabonais dans la parole publique, mais aussi leur confiance dans un certain nombre d’institutions. C’est fondamental. Notre démocratie a besoin de sérénité, elle a besoin d’évoluer dans l’harmonie et il faut regarder à froid ce qui s’est passé et y apporter des solutions.

Qu’est-ce qu’on va y mettre? Ce que nous attendons c’est un maximum de participants. Ce que nous attendons, c’est que des gens viennent avec des propositions concernant tout ce qui touche à la vie politique nationale : la question de la durée du mandat, celle du nombre de mandats, celle du nombre de tours du scrutin. Toutes ces questions seront sur la table. Il n’y a aucun sujet tabou. Nous sommes prêts à discuter de tout, sachant que plusieurs modèles existent et nous choisirons celui qui nous sied le mieux. Pour ce qui est de la date, elle sera fixée de commun accord. Le chef de l’Etat a demandé au Premier ministre d’engager les discussions avec les partis politiques de l’opposition et de la majorité. Le Premier ministre a déjà engagé certains nombre de contacts informels, il va les formaliser et au fur et à mesure, nous trouverons la bonne formule et la bonne date pour engager ce dialogue. Mais c’est une urgence. C’est une nécessité. Nous nous étonnons d’ailleurs que sur ce plan certains acteurs politiques qui prétendent avoir des solutions à tout estiment ne pas être intéressés par ce dialogue. C’est assez paradoxal.

Voulez-vous parler de Jean Ping ?

Il a annoncé un dialogue à son niveau. Mais c’est plutôt un monologue s’il se parle à lui-même. C’est ce dont il a l’habitude. Nous, nous sommes prêts à discuter avec tout le monde, de tous les sujets. Vous ne mettez pas assez en exergue l’effritement qu’il y a aujourd’hui autour de monsieur Ping. Il n’y a plus grand monde. Il a perdu son directeur de campagne et cela montre bien qu’il est dans une voie de perdition à laquelle personne ne croit. Son directeur de campagne a décidé de faire différemment. Mayila qui est l’un de ses soutiens a décidé de faire différemment. Il lui reste qui aujourd’hui ? Monsieur Myboto? Mais l’union de la haine contre Ali Bongo ne produit pas un projet démocratique pour le pays.

Me Mayila demande, lui, un dialogue sous la houlette de la communauté internationale (UA, ONU, UE)…

Vous savez, j’ai entendu Me Mayila. Ecoutez, tant qu’on y est, mettons le Gabon sous tutelle. Tant qu’on y est, décidons que nous ne sommes pas capables de gérer notre pays. Appelons soit l’ancien colon, soit quelqu’un d’autre pour venir administrer notre pays. Nous sommes un pays indépendant. Nous sommes suffisamment aguerris pour discuter. Mais tout sera regardé. Si pour tel ou tel autre aspect, il y a un manque de confiance, on verra de quelle manière on peut ramener la confiance. Mais on ne peut pas décider dès le départ de faire appel à la communauté internationale ou à tel observateur. Ce que nous venons de vivre pendant ces élections montre bien que la communauté internationale n’est pas souvent si neutre que ça. Elle a souvent ses propres choix.

Si tous les tenants de l’opposition, y compris Jean Ping, participait à cette rencontre, Ali Bongo est-il prêt à faire des concessions ?

Vous parlez de Jean Ping comme si c’était quelque chose d’extraordinaire. C’est un Gabonais. Je rappelle quand même qu’il a été candidat à une élection qui est maintenant passée, que des gens l’ont soutenu et que parmi ceux qui l’ont soutenu, certains sont favorables au dialogue. Quelle est aujourd’hui sa position à lui par rapport à ceux qui l’ont soutenu? C’est la première question et la presse ne se la pose pas. Aujourd’hui M. Ping est dans un confinement, dans un isolement. Il est désormais tout seul dans sa position de jusqu’au-boutiste.

C’est le Président de la République qui appelle au dialogue. Si quelqu’un appelle au dialogue, c’est qu’il est prêt à faire des concessions. C’est bien évident. Mais qu’appelle-t-on concession? Cela veut-il dire que le Président de la République va renoncer au mandat que le peuple lui a confié? C’est évidemment non. Cela veut-il dire que le Président de la République est prêt à engager des modifications constitutionnelles issues du dialogue? Bien entendu. Ça veut dire qu’on se sera accordé. Mais nous ne comprendrions pas pourquoi quelqu’un qui n’accepterait pas de venir dialoguer, continuerai à exercer et à vivre en marge et penserait que sa position marginale doit s’imposer à tout le monde.

Pour terminer Je veux dire une chose simple: l’élection présidentielle est maintenant derrière nous. Elle a mis en évidence un certain nombre de dysfonctionnements qu’il nous faut régler pour la sérénité de notre démocratie. La désinformation continuelle n’aide personne et je le dis clairement. Aucun agitateur, au Gabon ou en France ne peut m’empêcher de faire mon travail gouvernemental.
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