Depuis l’appel d’Ali Bongo au dialogue politique et la sortie de René Ndemezo’o Obiang en faveur de celui-ci, les Woleu-Ntémois se sont lancés dans une guerre larvée opposant pro-Ping et soutiens du président de Démocratie nouvelle.
Plus d’un mois après l’appel d’Ali Bongo au dialogue en vue de résorber la crise politique actuelle, au sein de l’opposition gabonaise la division est bel et bien consommée. Dans la province du Woleu-Ntem, le clivage ne fait plus aucun doute entre partisans du dialogue du président de la République et ceux s’étant exprimés en faveur de celui qu’entend organiser Jean Ping, candidat malheureux de l’opposition à la présidentielle d’août 2016.
Dans le septentrion, la guerre est déclarée. C’est désormais à coup de déclarations de presse que l’on s’affronte. Et si, le 13 octobre dernier, les pro-Ping avaient accusé René Ndemezo’o Obiang de «haute trahison» après sa sortie, une semaine plus tôt, en faveur du dialogue d’Ali Bongo, c’est que le président de Démocratie nouvelle (DN), un des premiers soutiens de l’ancien président de la commission de l’Union africaine, apparaît à leurs yeux comme un «mercenaire politique». Le collectif des cadres et ressortissants du Woleu-Ntem au nom duquel parlait Vincent Essono Mengue, le maire de la commune d’Oyem, l’avait affublé d’«intentions cyniques», l’accusant de conduire son parti de façon «antidémocratique et dictatoriale».
Le 25 octobre, à la suite du leader de DN, un autre collectif de cadres et de ressortissants du Woleu-Ntem, celui-ci pro-Ndemezo’o Obiang, s’est dit favorable au dialogue d’Ali Bongo, non sans répondre aux attaques du premier collectif. «Nous nous inscrivons en faux quant aux déclarations d’un groupuscule de Woleu-Ntemois qui, sans se référer à l’ensemble des fils et filles de la province, se lancent au nom de ceux-ci sur la voie de l’extrémisme et de va-t’en guerre, sans se soucier de la situation de nos chers frères, sœurs et enfants incarcérés ou hospitalisés», a déclaré Thierry Ondo Nguema, rapporteur du collectif circonstanciel dénommé Mouvement de défense des intérêts du Woleu-Ntem.
Pour les membres de ce collectif, le refus du dialogue exprimé par les pro-Ping relève du «cynisme». «Il est encore plus écœurant, ont-ils regretté, de voir ces fameux leaders insensibles au lourd tribut payé par la province qu’ils semblent, tête baissée, vouloir offrir en sacrifice à leur groupe d’extrémistes comme chair à canon, à l’effet d’atteindre diaboliquement leurs objectifs quantitatifs de morts et d’incarcération massives, nécessaires pour l’intervention des Nations-Unies.» La guerre en pays Ekang est désormais bien lancée. C’est le pouvoir en place qui doit s’en réjouir.