En dépit de la démarche qu’il a empruntée en louant l’une des salles de la Chambre de commerce de Libreville, dans le but de justifier sa position concernant la main tendue et l’appel au dialogue d’Ali Bongo Ondimba, de nombreux Gabonais continuent de gloser autour de la question de savoir s’il avait réellement besoin de se justifier après avoir pris, contre le gré des quatre vice- présidents de son parti, la Démocratie nouvelle, une décision pour le moins historique, et ce, au moment où l’opposition gabonaise dans sa grande majorité s’oppose farouchement aux tentatives de rapprochement initiées par le chef d’Etat gabonais dont elle continue de contester la victoire à la dernière présidentielle.
Aujourd’hui plus qu’hier, les Gabonais, du moins ceux que l’évolution de la situation politique dans leur pays intéresse, soutiennent que l’ancien directeur de campagne du candidat Jean Ping, René Ndemezo Obiang, était une taupe placée aux côtés de l’opposant pour servir les intérêts du Parti démocratique gabonais au pouvoir et son candidat, cela va de soi, Ali Bongo Ondimba. Vrai ou Faux ? Dans tous les cas, les commentaires sur ce sujet n’engagent que ceux qui les tiennent. Cependant, s’il est une chose qui frustre, c’est l’envergure de l’homme politique auquel de nombreux compatriotes commençaient à croire, à l’idée qu’ils les avait rejoint pour porter haut leurs revendications et obliger les autorités à faire au sens classique du terme de la politique, c’est-à-dire appliquer les principes d’Aristote pour qui cet exercice consistait à « bien » gérer la cité.
Or, ces derniers déchantent aujourd’hui, car pensant qu’il n’y a pas beaucoup à attendre des responsables qui ne daignent pas être à l’écoute du peuple, « l’Avenir en confiance » sur la base duquel Ali Bongo Ondimba a été élu en 2009 n’ayant pas encore porté des fruits et « l’Egalité des chances » ne représentant aux yeux de plus d’un citoyen qu’un leurre.
Sieur Ndemezo Obiang a-t-il faim ? Rêve-t-il d’une nouvelle vie politique au soir d’une carrière menée cahin- caha ? A-t-il mesuré la portée de l’acte qu’il vient de poser, acte qui le poursuivra tout au long de sa vie ? Autant de questions qui taraudent les esprits au moment où l’opinion tant nationale qu’internationale est plus que jamais convaincue de la volonté de changement qu’exprime la majorité des Gabonais. Est-il sûr qu’en allant au dialogue toutes ses revendications exposées sous forme de conditions rencontreront une oreille attentive et trouveront de ce fait solution ? Sont-ce des revendications allant dans le sens du bien-être des citoyens et d’une gestion plus parcimonieuse de la cité ou dans celui des intérêts partisans ? Quelle que soit la réponse apportée à ces questions, il sera difficile de faire avaler la couleuvre aux citoyens qui ont encore du mal à digérer autant d’années de forfaiture et de dénuement et se révoltent à l’idée de savoir que ce sont les mêmes causes qui provoquent les mêmes effets.
Il aurait été plus simple que René Ndemezo’o Obiang affirma publiquement, même si cela pouvait lui coûter cher, qu’il décidait d’aller au dialogue pour tenter de se refaire une santé, plutôt que d’entourer sa décision de subterfuges qui laissent entrevoir la grossièreté avec laquelle il a préparé son coup. Pendant que l’on y est : et si le poste de Vice-président qu’il convoite, selon certaines indiscrétions, était proposé à une autre personnalité que lui ? Maintenant qu’il est conscient qu’il s’est mis à dos une bonne frange de « woleuntémois », croit-il que son avenir politique, si avenir il y a encore, ne se dessinera pas en pointillés ? Les jours à venir nous édifieront davantage sur ce qu’il adviendra du fils de Bitam, non pas qu’il y ait d’énormes embûches face à lui, mais parce qu’en toute chose, il faut savoir raison garder !