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L’opposition face au dialogue national : Débat sur le sexe des anges
Publié le mardi 25 octobre 2016  |  Gabon Review
Jean
© Autre presse par DR
Jean Ping et Ali Bongo Ondimba
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Le dialogue proposé par Jean Ping fut conçu comme une réponse à la main tendue d’Ali Bongo et à sa proposition de dialogue. Pourquoi l’opposition devrait-elle se condamner à réagir au lieu d’agir ?

A qui l’histoire rendra grâce dans le débat actuel sur la participation des alliés de Jean Ping au dialogue proposé par Ali Bongo ? Aux pro ou aux anti ? Ou alors, tout cela se soldera à la manière de la querelle byzantine entre partisans de l’élection sans condition et adeptes de la DTE (Destitution-transition-élection) ? Qui, aujourd’hui aurait la prétention de proclamer la pertinence de sa thèse en rejetant brutalement celles de l’autre ? La DTE aurait-elle permis à l’opposition de connaitre une meilleure fortune ? La participation à l’élection dans des conditions contestées valait-elle la peine d’être tentée ? Personne ou presque ne peut aujourd’hui y répondre de manière définitive. Et pourtant, que de noms d’oiseau échangés, de théories construites, de demi-vérités ressassées et d’inimitiés entretenues pendant environ deux ans ! Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la science politique, l’histoire, le droit, tout ou presque a été convoqué pendant ce débat à rallonges aux allures de querelles de chiffonniers. Depuis le 23 septembre dernier, plus personne n’en fait référence. Bien au contraire, on s’efforce d’oublier cette séquence historique, somme toute mémorable.

Il ne s’agit pas ici de raviver des souvenirs douloureux, de gratter les plaies en voie de cicatrisation ou de proscrire tout débat contradictoire interne à une famille politique. Il ne s’agit pas non plus de chercher à transformer les partis en sectes ou en régiments militaires. Il est simplement question de rappeler une chose fondamentale : le débat contradictoire est un moment important dans la vie de toute organisation. Il doit, en conséquence, permettre à chacun d’être informé et de donner son opinion. Pour sa fécondité, il doit être transparent, argumenté et équitable. En clair, tous les militants doivent être à un niveau d’information comparable, le poids et la force des arguments doivent prévaloir sur la personnalité des intervenants et, toutes les opinions doivent être prises en compte. Sous nos latitudes, le débat démocratique pêche invariablement pour deux raisons : la prééminence des hommes sur les idées et une tendance à l’excommunication facile. L’opposition actuelle est malheureusement héritière d’une tradition de l’anathème et de l’exclusion. Depuis le début des années 90, de nombreux militants de l’opposition ont été frappés d’apostasie, à un moment ou à un autre, pour une raison ou une autre. N’en déplaise à certains, il a fallu attendre 2010 et l’Union nationale pour voir de vrais débats internes émerger au sein de l’opposition. Naturellement, cela n’a été ni sans heurts ni sans incompréhensions encore moins sans dégâts.

Déchainement des passions

Au fond, le débat actuel au sein de l’opposition traduit une seule et unique réalité : la mauvaise perception des défis et enjeux du moment. Les tenants du refus du dialogue avec Ali Bongo fondent leur conviction sur l’expérience du passé. A leurs yeux, tous les exercices similaires antérieurs (Conférence nationale, Accords de Paris, Accords d’Arambo…) ont systématiquement abouti au renforcement du pouvoir en place. Prenant appui sur la répression des événements du 31 août dernier, ils disqualifient définitivement toute possibilité de dialogue avec Ali Bongo. Avec ferveur, ils jugent immoral toute initiative en ce sens et affirment ne pas vouloir légitimer l’exécutif actuel. A aucun moment ils ne font d’une enquête indépendante un préalable. Tout cela peut s’entendre et se comprendre. Comment s’opposer à une posture morale, quasi-religieuse ? Sauf à recentrer les débats, la voie semble bien étroite.

A l’origine du déchainement des passions et des prises de position tranchées, le débat actuel repose d’abord sur idée lancée par Ali Bongo. Il s’inscrit dans la stratégie d’Ali Bongo.Haut du formulair Bas du formulaire L’opposition doit-elle se laisser dicter un agenda ? Est-elle condamnée à s’adapter à la stratégie de ses adversaires ou à la subir ? Dans l’affrontement politique, chacun doit pouvoir dérouler son agenda. Chacun doit essayer d’imposer sa stratégie. Le dialogue proposé par Jean Ping ? Cette idée fut lancée en réponse à la main tendue d’Ali Bongo et à sa proposition de dialogue. Faut-il le rappeler ? Pourquoi l’opposition devrait-elle se condamner à réagir au lieu d’agir ? Pourquoi ne prendrait-elle pas l’initiative ? Sur ce point, on n’entend rien ou presque. Jean Ping et ses soutiens auraient tort de s’accommoder de cette situation. «Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre», enseigne Sun Tzu. Opérante, il y a bientôt 3 000 ans, cette règle l’est encore.

Ponce Pilate du combat démocratique

Quelle analyse faire de la situation des amis de Jean Ping ? Vaste débat. Il faut aller au-delà des causes, déterminants et conséquences du problème principal. Il faut réfléchir, supputer, approfondir. Il faut évaluer les solutions possibles, le contexte d’intervention, les parties prenantes et ressources mobilisables. A ce stade, ce travail semble avoir été laissé en plan. Seule lueur d’espoir, l’Union nationale affirme être revenue sur la question lors de son conseil national extraordinaire du 22 octobre courant. Est-ce bien de sa responsabilité ? Assurément. Est-ce son engagement premier, sa responsabilité première ? On peut en douter.

Une partie de l’opinion cherche encore à comprendre ou à se faire une idée de la stratégie globale de l’opposition. Les Gabonais de l’étranger relèvent, à juste titre, une certaine atonie au plan national. En se mobilisant de manière massive et inédite, ils ont entretenu la flamme. De toute évidence, ils ont obligé les opinions publiques étrangères à s’intéresser à la question démocratique au Gabon. Du coup, certains fondent tous leurs espoirs sur la communauté internationale, par ailleurs accusée de tous les torts et sujette de tous les fantasmes. D’autres, par contre, réfutent cette lecture chère aux Ponce Pilate du combat démocratique. Pourtant, seule une conjonction des efforts, une coordination des actions peut faire évoluer l’environnement politique et démocratique. En un mot comme en mille, la mise en œuvre d’une stratégie globale et concertée s’impose. A l’allure où vont les choses, le débat en cours au sein de l’opposition pourrait s’avérer contreproductif demain. Sauf si les protagonistes venaient à s’accorder sur deux points essentiels : la primauté du rapport de forces et la nécessité de concevoir une stratégie propre à leur famille politique. L’Union nationale semble s’y être essayée. Mais, la réalité est là : l’opposition est actuellement en proie à un débat sur le sexe des anges, au propre comme au figuré. Pendant ce temps, Ali Bongo met en musique sa stratégie. Tout de même déroutant…
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