La grève des étudiants de l’Université Omar-Bongo, loin d’affecter les seuls programmes académiques, est en passe de prendre une autre tournure avec l’entrée en jeu du personnel du Centre des œuvres universitaires (COU), en proie à de nombreuses tensions ces dernières semaines. Le COU dit «halte» à la casse.
Depuis le début de la grève des étudiants, il y a deux semaines, l’Université Omar-Bongo (UOB) n’a pas fini de subir les assauts des agents forces de gendarmerie et des mêmes étudiants. Bacs à ordures brûlés, véhicules incendiés, vitres de bâtiments cassées par le jet incessant de pierres, routes jonchées de détritus, de pierres et autres restes de bombes lacrymogènes, le campus universitaire, récemment repeint n’a plus l’air de grand-chose. Dans tous les coins, le passage des grévistes et des agents des forces de l’ordre a laissé des traces.
Pour mettre un holà à cette image dévalorisante, et davantage pour «sauver les meubles», le personnel du Centre des œuvres universitaires (COU) de cet établissement d’enseignement supérieur a tenu à exprimer son point de vue sur la situation qui prévaut depuis deux semaines dans l’enceinte et la périphérie de l’université et notamment depuis que le face à face entre étudiants et agents de la Gendarmerie nationale est monté d’un cran. «La situation ne peut plus durer. Trop de dommages ont déjà été causés», ont laissé entendre les employés du COU dans un communiqué rendu public le jeudi 20 mars 2014.
«Jour après jour, des affrontements entre les forces de sécurité et les étudiants se poursuivent, au motif que les uns revendiquent les meilleures conditions d’étude et de vie et d’autres le rétablissement de l’ordre au sein du campus universitaire. Jour après jour, nous assistons à la destruction des biens, meubles et immeubles, avec pour corolaire l’agression d’étudiants, du personnel du Centre des œuvres universitaires d’astreinte au sein du campus universitaire et des agents des forces de l’ordre», ont constaté les agents du COU, réunis pour la plupart au sein du Synapog, qui ont par ailleurs fermement critiqué la violation des franchises universitaires par les agents de la Gendarmerie nationale depuis le début du mouvement.
Aussi, «ne pouvant demeurer insensible et indifférent face à cette situation d’insécurité croissante, le Synapog, membre du rassemblement syndical gabonais, interpelle à la fois les autorités rectorales, les étudiants, ainsi que les forces de sécurité, afin que le dialogue tripartite permette de trouver un modus vivendi susceptible de ramener le calme et la sérénité au sein de l’Université Omar Bongo, notre cadre commun de travail. Pour ce faire, le Synapog souhaite que la raison prévale pour que la violence cesse au sein du campus de la plus vielle université du Gabon (…) en vue d’éviter le pire.» Le porte-parole de cette organisation syndicale a dit également solliciter «l’implication personnelle» du Premier ministre Daniel Ona Ondo, ancien enseignant et recteur de l’UOB.
Comme quoi, passant de la simple revendication des bourses d’étude, la grève des étudiants est désormais en passe de prendre d’autres proportions ; le tout entretenu par l’intervention des agents des forces de l’ordre qui, pour tenter de contenir l’assaut des grévistes, ne s’interdisent plus des incursions au sein de l’établissement, violant ainsi les franchises universitaires. En finira-t-on jamais avec cette situation ?