Dans un échange avec des journalistes ce 18 octobre 2016, Florentin Moussavou, a levé le voile sur les questions d’actualité inhérentes à son département ministériel, apportant des éclaircissements sur la date de la rentrée scolaire.
Gabonreview : – Monsieur le ministre, plusieurs dates ont été annoncées pour la rentrée des classes au point qu’on a parlé de cacophonie. Qu’en est-il exactement?
Florentin Moussavou : – Le calendrier scolaire n’est pas quelque chose de banal. En dehors de son architecture, c’est un acte réglementaire. C’est un arrêté qui est signé par le ministre de l’Education nationale. Le calendrier scolaire, ce n’est pas un papier quelconque. C’est un arrêté, donc un texte réglementaire adossé sur une loi. C’est pour cela que tous ceux qui sont autour de l’Education nationale doivent respecter le calendrier scolaire.
La perception que l’on a de ce qu’il y aurait eu une sorte de cacophonie est injuste. Elle est injuste parce que moi, qui vous parle présentement en ma qualité de ministre de l’Education nationale, je n’ai pas signé un arrêté portant calendrier scolaire. Cela veut dire que le gouvernement n’a pas décidé d’une date. Je l’ai dit dans mes différentes prises de parole. Il n’y avait pas, avant l’annonce du dernier Conseil des ministres, un calendrier scolaire rendu public. Jamais en aucune manière, le ministre de l’Education nationale, le gouvernement n’a été amené à prononcer un calendrier qui aurait ensuite été reporté. Le calendrier de l’année scolaire 2016-2017 est celui qui a fixé la date du 17 octobre comme date de rentrée administrative et le 31 octobre comme date de rentrée effective des classes.
Gabonreview : Pourquoi le 31 octobre alors qu’un trimestre dure trois mois?
Vous le savez, nous avons pris en compte les différentes contingences dont le contenu a été rappelé à plusieurs reprises et je ne voudrais pas m’appesantir, une fois de plus, sur ces aspects. Je crois que tous les Gabonais qui vont vous lire, vous écouter, peuvent parfaitement comprendre que les conditions d’environnement, qu’il s’agisse d’environnement interne de l’Education nationale ou d’environnement socio-politique du pays, ne permettaient pas d’organiser la rentrée des classes dans un contexte où les incertitudes étaient nombreuses. Je dois dire que nous devons considérer que désormais nous avons un calendrier scolaire et qu’il faut le respecter. Tout ce qui peut apparaître comme éléments de confusion n’est pas du tout de nature à nous aider à faire une rentrée scolaire normale. Ce que je peux vous dire encore, c’est que la rentrée administrative était annoncée pour le 17 octobre. Elle a bien eu lieu depuis hier et je suppose que vous avez pu faire quelques tours pour constater que les établissements sont en train de s’organiser pour accueillir les parents d’élèves. Et, je suis parfaitement à l’aise, en tant que ministre de l’Education nationale, pour dire que l’appel du gouvernement a été entendu par les familles gabonaises. Nous sommes donc dans l’attente de ce que va être la rentrée des classes dans quelques jours.
Je crois que la liberté syndicale est garantie dans ce pays parce que nous sommes un pays résolument démocratique. Mais nous sommes là sur une «guerre» qui ne se justifie pas du tout parce que les revendications des syndicats qui sont très certainement justifiées et justifiables, par ailleurs, ne devraient pas, dans le cas d’espèce, empiéter sur la problématique de la rentrée des classes. Les revendications, nous le notons bien, portent essentiellement sur des questions qui ne sont pas forcément pédagogiques. Ce que je peux dire, c’est que le gouvernement, autour du Premier ministre, suivant les instructions de monsieur le président de la République, s’attèle à trouver des réponses à chacun des points de revendications des syndicats. Mais est-ce que nous avons le droit, l’obligation d’empêcher la reprise des cours sous ce prétexte-là ? C’est cela la question, je crois, qui interpelle, au-delà du ministre de l’Education nationale, l’ensemble de la communauté nationale. Mon rôle en tant que ministre de l’Education nationale est de garantir que les établissements du Gabon, depuis le pré-primaire jusqu’aux établissements secondaires, accueillent bel et bien les enfants gabonais qui sont en âge d’aller à l’école. Je souhaiterai que chacun d’entre-nous fasse sa part et que nous ne fassions pas subir à ces enfants les affres d’une année scolaires qui ne pourrait pas leur permettre d’accéder à l’éducation et à la formation.
Le règlement de ces problèmes ne doit pas, en aucune manière, empêcher les élèves gabonais d’aller acquérir leur part d’éducation. Ils en ont besoin. Ces enfants, nous en avons besoin et les enseignants ont besoin de transmettre le savoir et le savoir-faire à ces enfants. Chaque année, nous perdons plusieurs semaines de cours. Pourquoi faut-il pénaliser les plus faibles dans cette affaire? Les élèves, les parents d’élèves, quelle est leur part dans cette machinerie? Je crois qu’on pourrait convenir que si la menace d’arrêter les cours est un moyen de pression, il faut quelquefois ne pas toujours le mettre à exécution. Parce qu’il est contre-productif. Nous l’avons vu au fil des ans parce qu’après, il faut des rattrapages au petit bonheur de la chance. Ce n’est pas du tout performant pour notre système éducatif. L’année dernière, la moyenne d’heure de cours perdue par chaque élève gabonais, lorsqu’on fait toutes les simulations est de l’ordre de 200 heures. L’année précédente, on était pratiquement à environs 375 heures sur un total moyen d’à peu près 750 heures de cours nécessaires par élève et par an. Nous arrivons-là dans des schémas qui ne sont pas du tout tolérables, même en termes pédagogique, en termes socio-politique, en termes économique. Ce sont des choses qui ne sont pas tolérables.