Si Démocratie Nouvelle, le nouveau parti de l’opposition a été célébré en fanfare au début du mois en cours comme une plate-forme alternative face à l’enlisement du débat politique, la nouvelle structure ainsi créée ne résiste pas, elle aussi au vent du déchirement. Et pour cause, deux cadres au sommet, René Ndemezo’o Obiang et Jean Eyeghe Ndong ne parlent plus le même langage. Pomme de discorde : l’appel au dialogue d’Ali Bongo Ondimba. Alors que le premier se montre favorable, le second affiche son refus catégorique à tout compromis avec le pouvoir d’Ali Bongo.
A peine créée, Démocratie Nouvelle (DN) n’aura eu tout juste que le temps de célébrer en grande pompe son récépissé. Après quoi place désormais aux incompréhensions et autres tensions internes, marque caractéristique des partis politiques au Gabon.
En effet, après la célébration en fanfare de sa naissance officielle le 5 octobre dernier, Démocratie Nouvelle, le nouveau parti de l’opposition, né au plus fort de la campagne électorale d’août dernier et présidé par René Ndemezo’o Obiang ne manque plus d’afficher lui aussi ses contradictions. Et pour cause, l’appel au dialogue lancé par Ali Bongo Ondimba à l’issue du scrutin présidentiel divise désormais au plus haut point EyegheNdong et Ndemezo’o. Les deux hommes ne parlent plus le même langage aujourd’hui. Tout est parti de la sortie de Ndemezo’o Obiang, qui affirmait à l’occasion de cette célébration officielle de la naissance du parti, qu’il était disposé à dialoguer avec Ali Bongo, afin, a-t-il dit de permettre « la réconciliation des Gabonaises et des Gabonais ». Le président de Démocratie Nouvelle répondait là à l’appel au dialogue de l’actuel Président de la République. Et en se montrant favorable à une telle discussion, l’ancien député de Bitam prenait là aussi ses distancess vis-à-vis de Jean Ping, le candidat de l’opposition à la dernière présidentielle dont il a d’ailleurs été le Directeur de campagne.
Lequel Jean Ping a toujours opposé une fin de non recevoir à toute idée de dialogue avec son rival, Ali Bongo Ondimba, qu’il accuse de chercher à légitimer son « coup d’Etat militaro-électoral » par la tenue précipitée d’un dialogue politique.
Position également soutenue par l’ancien Premier Ministre, Jean Eyeghe Ndong, par ailleurs militant de DN. Comme Jean Ping, Eyeghe Ndong pense lui aussi qu’aller au dialogue avec l’actuel Président de la République, c’est trahir la mémoire de nombreux Gabonais tombés sous les balles des hommes en armes lors de la crise postélectorale d’août dernier. Il l’a fait savoir au cours d’une mise au point à sa permanence politique la semaine dernière. Pour l’ancien Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, la décision de Ndemezo’o de dialoguer avec le Chef de l’exécutif n’engage que lui et lui seul. Elle ne concerne nullement l’ensemble des militants de DN. Occasion pour « Nza Fe » de couper court à toutes les folles rumeurs qui faisaient état de sa collusion avec Ndemezo’o quant à sa participation au dialogue.
Vers l’implosion de Démocratie Nouvelle ?
S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, on ne peut cependant pas s’empêcher de constater que le nouveau parti ainsi créé est déjà en proie à des antagonismes de plus en plus accentués. Comme tous les autres partis du microcosme politique gabonais, c’est désormais une organisation fissurée, avec d’un côté les partisans de Ndemezo’o, favorables au dialogue, et de l’autre ceux d’Eyeghe Ndong, opposés à tout compromis avec le bord de mer.
Les premiers incarnent la démarcation nette avec le radicalisme et le jusqu’auboutisme de Jean Ping, c’est la rupture ! Tandis que les seconds, eux jurent fidélité à la ligne politique de l’opposant endurci, c’est la résistance ! C’est donc un parti désormais en proie aux velléités de divisions larvées, et même si personne n’ose parler de vive voix pour l’instant de scission, il faut croire que le ver est désormais dans le fruit.