C’est la conclusion à laquelle est parvenu l’observatoire de la couverture médiatique des élections gabonaises de 2016, (OCME-Gabon 2016), dans son troisième rapport. Une structure mise en place conjointement par l’ONG camerounaise, JAD (journalisme en Afrique pour le développement) et l’AJAPE (association des journalistes agenciers, audiovisuels et de presse écrite). Le tout appuyé par l’Union Européenne.
Selon l’analyse de six chaînes de télévision, la répartition du temps d’antenne par candidat est la suivante : 81% pour Ali Bongo Ondimba contre 13% pour Jean Ping et 9% pour les autres candidats. Même tendance pour les cinq chaînes de radio observées qui consacrent 82% de leur temps d’antenne à Ali Bongo, 11% à Jean Ping et 7% aux autres candidats. La presse écrite, elle non plus n’a pas fait mieux ! 78% de son espace pour Ali ; 19% pour Ping et 4% pour les autres candidats.
Le même rapport précise cependant que le site en ligne, Gabonreview.com et la chaîne de télévision privée TVS sortent du lot en étant un peu plus équilibrés. Ainsi donc pour 21 médias observés entre le 21 avril et le 27 août 2016, sur une échelle de notation de 0 à 10 (0 étant l’équilibre parfait des informations et 10 le déséquilibre maximum des informations), le rapport donne le classement suivant : Gabonreview.com 2,2 ; TVS 2,4 ; Gaboneco.com 2,9 ; Africa n°1 3 ; TV+ 3,4 ; Génération nouvelle 3,5 ; Gabon24 4,1 ; Radio Record 4,2 ; le journal L’Objectif 5,2 ; le journal Matin Equatorial 5,5 ; le journal Nku’u le messager 5,8 ; Gabon Télévision 6,4 ; le journal L’Union 6,5 ; le journal L’Aube 6,5 ; Radio Renaissance 6,6 ; Téléafrica 6,9 ; Kanal7 7 ; Radio Gabon 7,2 ; le journal La Loupe 7,3 ; le journal Le Mbandja 7,4 ; le journal Echos du Nord 7,6.
Critères de l’observatoire ?
Selon ledit rapport, les critères de cet observatoire se fondent sur les normes définies par les instruments internationaux, à savoir la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples qui prescrit l’égalité d’accès aux services et biens publics, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance qui recommande un accès équitable aux médias d’Etat de tous les candidats et partis politiques et la déclaration de l’Union Africaine sur les élections démocratiques, qui recommande le respect de l’impartialité dans la couverture du processus électoral. Comme autre critère, l’observatoire se fonde également sur la déontologie des journalistes qui impose de « ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste, n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte des annonceurs ».
Globalement, conclut le rapport, la plupart des médias gabonais, publics ou privés ont couvert l’élection présidentielle 2016 sans respecter l’esprit d’impartialité, diffusant ainsi des informations fort déséquilibrées. Des informations qui pour la plupart ne procèdent pas d’un travail sérieux de recoupement de sources comme l’exige l’éthique professionnelle. Ce qui constitue une violation flagrante de la Charte de Munich qui interdit la « calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ».