Licenciements, surtaxes, contrôles abusifs, absence de formation… Telles sont, entre autres, les réalités auxquelles font face les petits exploitants de l’industrie du bois au Gabon.
Le territoire gabonais est couvert à plus de 85% par la forêt. Ce qui représente un atout majeur pour la diversification de l’économie nationale, avec pour principal effet, la création d’emplois dans le domaine de l’exploitation, la transformation et des métiers annexes. Secteur d’activités particulièrement occupé par des Français, Malaisiens, Chinois et Indiens, il n’offre pas une bonne perspective aux petits exploitants qui s’y aventurent, malgré les nombreuses réformes entreprises par le gouvernement ces dernières années.
Dès le début du 1er septennat d’Ali Bongo Ondimba, la décision historique d’interdire l’exportation des grumes a fait naître un espoir pour les petits exploitants. Ces derniers voyaient en cette mesure la possibilité d’accroître leur rendement. D’ailleurs, selon la décision du conseil des ministres du 05 novembre 2009, il s’agissait, entre autres objectifs, de « favoriser l’installation d’une industrie locale du bois et de permettre au Gabon d’exporter des produits transformés et pas simplement de la matière première ». Selon les précisions du Premier ministre de l’époque, Paul Biyoghé Mba, au cours d’une rencontre avec les industriels, « il y aura des mesures d’accompagnements sur le plan législatif, fiscal, douanier, économique. Il faudra aider les opérateurs économiques de la filière».
Pourtant près de six ans après la mise en œuvre de cette mesure, les petits exploitants semblent broyer un peu plus du noir. Alors qu’un grand nombre d’exploitants ont mis la clé sous la porte, d’autres ont opté pour le licenciement des employés ou le travail au noir, afin de limiter au maximum les charges. «Quand il y a des entrées, la société peut garder son personnel, mais quand il n’y a pas d’entrées, l’entreprise est plus regardante et il peut avoir des licenciements», explique un exploitant.
Pour ce dernier, la grande difficulté réside dans le fait qu’il y a trop de taxes, de nombreuses lois qui sont, très souvent, prises sans tenir compte des réalités, et des contrôles excessifs. « Le problème, c’est celui des taxes, l’Etat avait dit qu’il devait nous accompagner, mais il ne nous accompagne pas. À l’exemple de la TVA, mais pour rembourser, c’est toujours des problèmes. Il y a aussi la situation à port, il était question de nous aider pour l’entrée du matériel pour travailler ici, mais ça ne nous permet pas de travailler, mais jusque-là », argumente-t-il.
Concernant les lois, les exploitants estiment qu’il y en a trop. De plus, elles ne sont pas constantes et ne tiennent pas compte des réalités sur le terrain. « Tant que nous n’arrivons pas à avoir des lois constantes qui réglementent l’exploitation, nous aurons toujours des difficultés. La croissance à même baisser parce que nous avons une succession d’arrêter», jugent-ils.
En guise de solution, ils souhaitent que les gouvernants préparent des lois pour les années et qu’ils prennent le temps d’avertir avant de passer à une nouvelle loi. Les exploitants soulignent que la croissance a même baissé, en raison notamment de la multitude de textes administratifs qui ne facilitent rien.
A ces difficultés quotidiennes s’ajoutent, selon un expert du ministère des Eaux et Forêts, la marginalisation de nombreux facteurs, parmi lesquels « l’existence, la pérennité et la compétitivité de la ressource; l’existence d’un marché multiple ; l’existence d’une main d’œuvre compétente et compétitive; la qualité et l’efficacité du management des opérateurs et la volonté politique d’inscrire l’industrialisation du bois dans une stratégie cohérente et surtout la capacité d’en assurer la mise en œuvre».
Mais aussi, la formation des acteurs impliqués à tous les niveaux de la chaîne de l’industrie du bois, élément indispensable dans le processus d’industrialisation de la filière bois.