Si plusieurs mois avant la fin de son mandat à la tête de la Chambre nationale des huissiers de justice du Gabon (CNHJG) son équipe et elle-même étaient déjà victimes de pressions diverses au sein de l’organisation, le bilan de maître Eliane Oberdeno est loin de bénéficier du regard positif de certains de ses collaborateurs. Retour sur une vielle querelle pour le contrôle de l’«ordre» des huissiers.
Portée à la tête de la CNHJG le 4 mars 2011 pour une durée de trois ans, maître Eliane Oberdeno s’était chargée de mener à bon port la barque de cette organisation qui, avec l’épisode de la destitution de son ancien responsable, maître Alain Daniel Obiang Edzo, en 2004, commençait à tanguer, manquant de renverser tout son équipage. Mais tout au long de son mandat, la tâche n’aurait pas été facile pour cette femme dont des proches reconnaissent pourtant volontiers l’abnégation et l’acharnement au travail.
Le péché de maître Oberdeno, à en croire ces derniers, aurait été de consacrer son double mandat à une meilleure structuration de l’organisation et partant de la fonction d’huissier en République gabonaise. En effet, rapporte-t-on, c’est grâce à elle et à un groupe de rares collaborateurs encore dévoués que la signature de l’arrêté n°0005/MJGS/SG/DGAJ du 20 juin 2008, portant création, organisation et fonctionnement d’une commission de rédaction de texte régissant la profession d’huissier de justice sur le territoire national, avait été possible. D’autant plus que la loi 11/70 du 17/12/1970 portant statut des huissiers de justice sur laquelle se basait l’activité des huissiers était, dans une large mesure, devenue inadaptée au contexte juridique du moment mais aussi en déphasage avec la pratique internationale en Afrique, ainsi que le reconnaissaient nombre d’entre eux.
Pourtant, la «cabale» organisée contre maître Oberdeno ne s’est pas arrêtée sur ce bon point. La rigueur dont est réputée cette femme va vraisemblablement lui coûter davantage le soutien d’une partie de ses collègues dont 21, à l’époque déjà, prétendaient que son arrivée à la tête de la CNHJG était consécutive à sa relation privilégiée avec la famille Bongo. Partant de là, plus aucune réalisation entreprise par l’équipe de la présidente de la CNHJG sortante ne bénéficiait des faveurs de la partie adverse.
«Madame Oberdeno n’a pas hésité à demander à des confrères qui se sont livrés à de la surfacturation dans deux affaires importantes – Celtel Gabon et Gabon Télécom – de rembourser les trop-perçus aux clients qui se chiffraient à plus de 50 millions de francs CFA», rapporte un des collaborateurs de l’ancienne présidente, relayé par l’hebdomadaire Echos du Nord (n°224 du lundi 17 mars 2014). Ce qui avait notamment déplu aux intéressés, et que certains huissiers perçoivent aujourd’hui comme l’une des causes de l’acharnement d’un groupe d’individus au sein de l’organisation, dès son arrivée.
En somme, le mandat de maître Eliane Oberdeno arrivé à terme le mardi 4 mars dernier, devrait sans surprise être sanctionné par un bilan mitigé qu’une partie de la Chambre nationale des huissiers de justice du Gabon se chargera de démonter. Comme pour lui faire payer ces années pendant lesquelles elle les a empêchés de tourner rond dans leurs pratiques malsaines envers les clients.