Dans une lettre ouverte publiée le 7 octobre 2016, à l’attention du Secrétaire général des Nations-unies, de la Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et du président de la République française, le Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique, propose des mesures pour l’«instauration» de la démocratie au Gabon.
Rédigée en quatre grandes parties retraçant dans une logique chronologique les raisons de la situation de crise que connaît le Gabon, la lettre ouverte à l’attention de Ban Ki-Moon, Federica Mogherini et François Hollande, propose des actions ciblées contre le pouvoir, à la hauteur «de la gravité de la situation».
Selon le collectif, le coup de force de la Cour constitutionnelle des 22 et 23 septembre 2016, «soutenu» par le président tchadien a été suivi d’une absence de prise de responsabilité de la communauté internationale. «Celle-ci n’a pas condamné l’instruction par la Cour constitutionnelle du recours déposé par Jean Ping menée de manière opaque et en violation de plusieurs dispositions légales, et n’a pas réitéré son exigence d’une vérification correcte et transparente du vote en fonction d’une confrontation des procès verbaux des bureaux de vote, en particulier dans le Haut-Ogooué. En outre, le gouvernement gabonais est allé jusqu’à mettre sur écoute téléphonique les membres de la mission d’observation européenne et a tenté de empêcher cette mission de réaliser correctement son observation», reprochent les 12 associations membres signataires de ladite lettre.
Estimant que la communauté internationale se met en position de responsabilité par rapport à ce pourrissement, pour avoir poussé Jean Ping à recourir à la Cour constitutionnelle, puis l’avoir ensuite abandonné après la manipulation d’Idriss Déby et de la Cour constitutionnelle.
Le collectif estime qu’«en n’exigeant pas au Gabon, au-delà de l’exercice illégal de la Cour constitutionnelle, une vérification réelle des procès-verbaux des bureaux de vote, la communauté internationale a commencé à entrer dans la fausse légalité des dictatures africaines. Se faisant, elle entraine le Gabon dans ce même cercle vicieux d’impunité, de répression, et d’élection fraudée pour garantir l’impunité, pour une durée indéterminée. Le premier coup d’Etat électoral de 2009 avait déjà commencé à pousser le pays sur cette voie. Elle renvoie ainsi la population à elle-même, pour résister à la dictature, au risque d’aboutir à un pourrissement non maîtrisé», indique-t-il.
Pour sortir le pays de l’impasse, le collectif recommande plusieurs actions, notamment la dénonciation du rôle de la Cour constitutionnelle dans le coup d’Etat électoral d’Ali Bongo ; la reconnaissance de la victoire de Jean Ping, suite au refus de la Cour constitutionnelle de respecter l’exigence de confrontation des procès-verbaux des bureaux de votes dans un recomptage réalisé dans un cadre contradictoire, en présence des deux parties.
Les douze associations signataires de la lettre exige également la libération de tous les prisonniers politiques et l’adoption au Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies d’une résolution en vue de diligenter une enquête sur les massacres commis par les forces armées gabonaises depuis le 31 août 2016. Elles souhaitent également que de sanctions ciblées soient prises à l’encontre des principaux responsables du coup d’Etat électoral et des massacres, en fonction entre le 31 août 2016 et le 2 octobre 2016 : Ali Bongo Ondimba, Marie-Madeleine Mborantsuo, Mathias Otounga Ossibadjouo, Pacôme Moubelet- Boubeya, Alain Claude Bilie -By –Nze et le général Grégoire Kouna.