L’actuel président du Comité de gestion du conseil climat et ancien directeur de l’Agence gabonaise d’études et d’observations spatiales (Ageos) cumule ses fonctions de Secrétaire général de la présidence avec celles de nouveau ministre de la Défense nationale. Un fait devenu habituel voire banal au Gabon. «Le pays est géré», assène une ritournelle bien de chez nous.
Etienne Massard Kabinda Makaga serait-il voie de battre le record de Pacôme Moubelet-Boubeya en termes de cumul de fonctions ? Si certains répondent par l’affirmative, c’est que ce biologiste passionné d’écologie, conseiller spécial du président de la République pour les questions d’environnement, défraie la chronique ces dernières années. Réputé proche d’Ali Bongo, il a récemment été nommé ministre de la Défense nationale. Ce qui ne manque pas de rappeler le cas de l’actuel ministre des Affaires étrangères.
Il y a trois ans, Pacôme Moubelet-Boubeya, ancien ministre de l’Intérieur, occupait le poste de Secrétaire général du gouvernement. Une lourde charge administrative et politique, qui ne l’avait pas empêché d’en assumer d’autres. Il cumulait alors ces fonctions avec celles de président du conseil d’administration de l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (Aninf), de directeur de cabinet du président du Parti démocratique gabonais (PDG), d’administrateur d’entreprises publiques et de coordinateur général du Bureau de coordination du suivi et d’évaluation du Plan stratégique Gabon émergent (BCPSGE). A l’époque, titulaire de quatre postes, Pacôme Moubelet-Boubeya, passait pour un boulimique du travail, avant de se voir délester peu à peu de certaines de ses responsabilités.
Le cas Etienne Massard est quasiment identique. Sa nouvelle nomination dans le gouvernement d’Emmanuel Issose Ngondet ne l’a pas dispensé de ses fonctions de secrétaire général de la présidence de la République. Il a conservé son poste dans l’entourage immédiat d’Ali Bongo, en plus de sa fonction de directeur de l’Agence gabonaise d’études et d’observations spatiales (Ageos). Rien d’étonnant pour une personnalité qui a finalement mérité son surnom de «M. Cumul» à partir de 2013. A l’époque, Etienne Massard assumait déjà plusieurs casquettes. DG de l’Ageos, conseiller spécial du président de la République, il cumulait ces fonctions avec celles du président de la commission technique de l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG). Dans le même temps, il était président du comité de gestion de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et président du comité de gestion du Conseil national des Affaires climatiques (Conseil climat). Le souffle vient à manquer, tant ses fonctions abondent.
N’empêche, certains voient dans la confirmation d’Etienne Massard au poste de SG de la présidence une sorte de «chevauchement» à la limite de l’«incompatibilité» avec celui de ministre de la Défense nationale. D’autres ne manquent pas de s’inquiéter sur l’efficacité de ce cumul sur le terrain, d’autant plus que l’intéressé est loin d’être un surhomme et qu’une journée de travail ne compte que 8 heures. L’on s’interroge également sur la débauche d’argent public que cette situation peut entraîner. Le cumulard le plus célèbre du Gabon touche-t-il un salaire pour chacun de ces postes ? Bien malin qui pourra le dire.