Le premier gouvernement du nouveau septennat d’Ali Bongo Ondimba a reçu instruction à l’occasion du conseil des ministres, d’engager le chantier de la relance économique et de procurer les moyens de vie aux populations pour leur bien-être.
La première équipe gouvernementale de l’ère Issoze Ngondet n’a pas de répit. Au-delà de l’ouverture, le chef de l’Etat appelle à «la mise en œuvre des mécanismes de solidarité nationale en faveur des couches les plus vulnérables de notre société dans le cadre du Programme pour l’Egalite des Chances approuvé» par les Gabonais. Aussi les membres du gouvernement doivent-ils sans délai, «sans délai, proposer aux Gabonaises et aux Gabonais des mesures concrètes pour améliorer leur bien-être, leur épanouissement, tout en rassurant nos différents partenaires économiques, tant au plan national qu’international, afin de concevoir de nouveaux mécanismes à même de maintenir et de favoriser la confiance, source de création de plus d’emplois et de richesse».
Pour ce faire, dans cette équipe gouvernementale où l’on compte pas moins de 12 départements ministériels en charge des questions économiques et de développement, l’heure est à la relance économique : les ministères de l’Economie, du Budget et des comptes publics, de l’Agriculture et de l’élevage, des Pme, des Investissements et du commerce, des Transports, du Pétrole, de l’Economie numérique, de l’Economie forestière, de l’Energie et de l’eau, des Infrastructures et des travaux publics, du de l’Habitat social et du Logement, du Travail, et enfin le ministère des Mines.
En dehors des titulaires desdits portefeuilles, si l’on y ajoute les 9 délégués à ces différents maroquins, on se retrouve avec la moitié du gouvernement chargée «d’œuvrer au plus vite à la relance de l’économie». Ainsi dans cette équipe, on a ceux qui entrent au gouvernement pour la première fois mais qui disposent de connaissances transversales sur les départements économiques. Parmi eux, l’on a Yves Fernand Manfoumbi, désigné ministre de l’Agriculture et de l’élevage, chargé de la mise en œuvre du programme Graine.
Cette précision dans la dénomination de ce ministère indique que le président Ali Bongo Ondimba a décidé de lui faire confiance pour finaliser et rendre plus efficient ce programme révolutionnaire qui a pour objectif, à termes, de développer l’agriculture gabonaise et rendre son autonomie alimentaire à un pays qui importe pour 325 milliards Fcfa de nourriture par an, destinée à alimenter nourrir 1,8 million d’habitants. Ce département ministériel est d’autant plus important qu’en développant l’agriculture, on a pensé à l’agro-industrie, et donc à la transformation. Source de création d’emplois et de richesses donc de valeur ajoutée, ce secteur au cours des dernières a permis de réaliser des bonds importants dans la croissance du pays. Les filières qui en bénéficient sont entre autres l’hévéa, le palmier à huile. Un aspect qui sera suivi par le ministre délégué en charge de l’agro-industrie Françoise Assengone Obame.
Dans la perspective de la mise en place de la bourse du bois, le chef de l’Etat a décidé de la création d’un département en charge de l’économie forestière. La filière aura ces sept dernières années, été l’un des moteurs de croissance de l’activité économique du pays, grâce à la création et la multiplication du nombre de postes de travail et d’unités industrielles. Le chiffre d’affaires de cette filière en 2015 se situe à 350 milliards de Fcfa pour plus de 8000 emplois grâce à a mise en œuvre de la mesure portant interdiction d’exportation brute de grumes en Europe.
Dans le cadre de la construction des logements sociaux, le bois sera utilisé en remplacement du béton dans certains cas et devrait, avec l’ouverture prochaine d’une école supérieure d’arts déco à la zone économique de Nkok qui permettra de passer à la troisième transformation.
La richesse du Gabon dans ce domaine est désormais entre les mains d’Estelle Ondo, elle aussi nouvelle entrante dans le gouvernement. Longtemps exploitées sans grand avantage pour les populations, les richesses forestières du pays constituent un des piliers du Plan stratégique Gabon émergent (Psge) mis en place depuis le récent septennat. Il s’agira donc pour le chef de ce département ministériel de travailler à rendre pérenne les actions dans le Gabon vert.
Le ministère du Budget et des comptes publics, désormais dirigé par Mathias Otounga Ossibadjouo, devra pour sa part prendre d’importantes mesures afin de multiplier les recettes budgétaires de l’Etat qui a besoin de ressources financières pour, non seulement assurer le financement des projets de développement, mais également tenir ses engagements, notamment les salaires des fonctionnaires et agents publics, des assurés sociaux, des fournisseurs ainsi que des prestations sociales et familiales. Cette mission sera partagée avec le ministère de l’Economie qui lui devra rester vigilant quant à la mobilisation des ressources permettant de financer l’économie et de galvaniser les services de l’assiette.
Une économie ne se développant pas sur fonds propres de l’Etat, les dirigeants gabonais savent qu’il va falloir se tourner davantage vers les investisseurs privés. Raison pour laquelle la promotion des investissements privés constitue un volet important dans cette équipe gouvernementale. C’est pourquoi le segment industriel a été associé à ce pan question d’orienter en priorité les fonds levés auprès des partenaires techniques et des marchés financiers. Sa collègue des Transports et de la logistique, Flavienne Mfoumou Ondo, nouvelle entrante, s’occupera principalement du développement dans un secteur des services en pleine croissance.
Le Gabon est engagé dans un vaste mouvement de numérisation de son territoire. Ce n’est pas un hasard si depuis 2009, l’économie numérique, l’un des moteurs de croissance du Gabon des services, constitue aujourd’hui un secteur stratégique pour le gouvernement gabonais. Pour y parvenir, l’Etat a engagé d’importants moyens qui lui ont ouvert les voies d’une progression exponentielle. En sept ans, c’est l’un des secteurs qui ont propulsé la croissance économique du Gabon et créé un impressionnant portefeuille de richesses et de valeur ajoutée.
Alain-Claude Bilie-By-Nze qui hérite de ce département ministériel en plus de la communication, de la culture et des arts, doit consolider les acquis des dernières années. A titre d’illustration, en 2014, la téléphonie mobile, les fournisseurs d’accès à internet, la monétique etc., ont réalisé 293 milliards de FCFA, soit 5 % du PIB du pays. Cet apport aujourd’hui, selon les autorités, est plus que perceptible. Ce qui selon les autorités représente un bond important et phénoménal. Car, deux ans plus tard, l’on se situe à 400 milliards de chiffre d’affaires.
Sur cet aspect spécifique, et afin de favoriser un impact réel du numérique, le ministre d’Etat devra, entre autres, poursuivre l’extension de la fibre optique, et finaliser la mise en œuvre du backbone national, stabiliser et consolider les acquis et performances des entreprises de ce secteur à forte valeur ajoutée. D’autres départements ministériels tombent aux mains de nouveaux entrants dans le 6e gouvernement de l’ère Ali Bongo Ondimba. On peut citer Biendi Maganga Moussavou, qui se chargera de la promotion des Petites et moyennes entreprises, en axant son action sur l’entrepreneuriat national. Il faut le noter, le tissu économique du pays, comme la grande distribution par exemple, est quasiment aux mains de quelques investisseurs étrangers. Des mécanismes incitant les nationaux à se lancer dans des investissements de production devraient être mis en place.
La poursuite des infrastructures sur l’ensemble du territoire connaîtra, avec la construction des logements sociaux, le passage à la seconde des projets. Ces deux secteurs seront particulièrement suivis de près par les populations. Les hommes qui en ont la charge auront à cœur de surmonter les écueils qui ont difficulté l’accomplissement de ces chantiers tout au long du dernier septennat en changeant de modèle économique dans le financement et la réalisation. La recherche des partenaires techniques et financiers pouvant migrer du schéma classique au partenariat public-privé, va constituer l’épine dorsale de leurs missions.