Avec l’admission au gouvernement du prénommé Biendi, les Maganga Moussavou font leur entrée dans les dynasties politiques nationales, aux côtés des Chambrier, des Ntoutoume Emane ou des Bongo. Si le tout nouveau ministre de la Promotion des Petites et Moyennes Entreprises, chargé de l’Entreprenariat national a de qui tenir, il est naturellement perçu comme une version plus raffinée de son père. Un fils à papa qui ne démérite pas.
«Il faut rendre à l’école et à la communauté ne fut-ce qu’une partie de ce qu’elles nous ont donné. Si les gens que le Gabon a si bien formé consacraient une ou deux heures par semaine à former les autres, le pays aurait un système éducatif pas si critiquable. Le Gabon ne sera meilleur que si tous ses enfants s’impliquent… Au-delà de la critique, il y a l’action et nous pouvons agir… Il faut une société civile qui puisse donner l’exemple». Ainsi s’exprimait, en 2007, le fils de Pierre Claver Maganga Moussavou. Comme son père, Biendi Maganga-Moussavou est disert. Avec 1,85 m pour 85 Kg, il a un physique plutôt équilibré. Son élégance fait d’ailleurs penser qu’il aurait aisément pu arpenter les podiums des défilés de mode.
Comme jean Eyéghé Ndong qui, en 2014, propulsait son fils au poste de maire du 2e arrondissement de Libreville, Maganga Moussavou a pistonné l’entrée de son fils au gouvernement. La rencontre avec Ali Bongo, le 29 septembre 2016 à la présidence de la République, aura décidément été fructueuse. Dire que les opposants à Ali Bongo lui reprochent pour l’essentiel d’avoir succédé à son père. Mais, le patron du Parti social-démocrate (PSD) pouvait-il procéder autrement, l’autre figure de proue de sa formation politique étant Albertine son épouse, déjà député du Canton Ngounié centrale et conseiller municipal dans le 2e arrondissement de Mouila. Ici vient à se poser la question du mérite des fils à papa. Devront-ils toujours voir leur destin mis en berne du fait de leur filiation ? Doit-on toujours, même à compétence éprouvée, les mettre au rébut ? Le fils du maire de Mouila est en tout cas précédé d’une bonne réputation professionnelle. Il figure parmi les meilleures prises de la toute dernière pêche pour la composition du gouvernement.
A 42 ans, en effet, Biendi Maganga-Moussavou, tout nouveau ministre de la Promotion des Petites et Moyennes Entreprises, charge de l’Entreprenariat national, a déjà un parcours qui ferait bien des envieux. S’il doit maintenant quitter le poste de directeur général adjoint d’Orabank qu’il occupait jusqu’ici, l’homme est également connu pour avoir longtemps donné des cours à l’Institut National des Sciences de Gestion. Là, il formait les étudiants à la stratégie et à l’économie des entreprises et donnait des cours d’analyse bancaire des entreprises. Il travaillait alors simultanément à la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Gabon (BICIG) où il a été directeur adjoint de la trésorerie, après y avoir travaillé au sein de la direction des risques, au service appui commercial. On le retrouve ensuite à la United Bank for Africa (UBA) Gabon où il a été Trésorier avant d’atterrir à Orabank où il était, avant son entrée au gouvernement, directeur général adjoint.
Sûr de lui, Biendi Maganga-Moussavou l’est depuis sa sortie de l’université de Tours. Dans cette ville, il a décroché une maîtrise d’administration et de gestion des entreprises, un diplôme technique de l’enseignement supérieur (DTES) et un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de banque et finance. Il travaille d’abord à la Citybank de Libreville puis au Fonds monétaire international (FMI) pour une durée de six mois avant de rejoindre la BICIG en 2003 et avoir l’itinéraire susmentionné.
Marié et père d’une petite poignée d’enfants, Biendi gérait également, en famille, dans la zone d’Owendo, un élevage porcin de près d’un millier de têtes. Emboîtant le pas à son père, le jeune homme entretient nécessairement des activités politiques au sein du Parti social démocrate (PSD) dont il est secrétaire exécutif adjoint chargé de la coordination des cellules de base et des questions électorales.
«La politique n’est pas un jeu. C’est quelque chose de très très sérieux vu qu’elle détermine le devenir de toute une nation. Il vaut mieux donc avoir des hommes politiques qui ont une expérience à faire valoir et quelque chose à apporter. J’estime pour l’instant que je suis encore en train de me fortifier, de me construire», confiait Biendi Maganga-Moussavou en 2007. Entretemps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts ; le jeune a nécessairement pris de la bouteille, il s’est fortifié, s’est construit. Le moment pour son dynasteur de père de le lancer dans l’arène politique. La reproduction sociale fonctionne.