Nommé Premier ministre le 28 septembre dernier, au lendemain de l’investiture d’Ali Bongo Ondimba pour un deuxième mandat, c’est finalement dimanche 02 octobre courant que Franck Emmanuel Issoze-Ngondet a rendu publique la liste de son équipe gouvernementale. Si on y enregistre quelques nouvelles têtes, de nombreux caciques sont maintenus en poste.
L’ouverture annoncée en grande pompe n’aura finalement pas eu lieu ! C’est du moins le constat qu’on peut dresser d’emblée à l’analyse du Gouvernement Issoze-Ngondet, dont les membres ont été dévoilés dimanche dernier.
Fait important à signaler, deux bouleversements majeurs, notamment la Primature et la Défense nationale, ordinairement échus aux compatriotes Fang et Téké depuis le règne d’Omar Bongo, c’est désormais par un Kota, Emmanuel Issoze-Ngondet, que sera piloté la Primature, tandis qu’Etienne Massard Kabinda, un Mpongwè se voit attribuer celui de la Défense nationale, poste qu’il cumule désormais avec ses fonctions de Secrétaire Général de la Présidence de la République.
Une récompense logique des populations de la province de l’Ogooué-Ivindo pour leurs suffrages exprimés à plus de 65% en faveur d’Ali Bongo réélu dans la douleur. Et la nomination de Franck Emmanuel Issoze-Ngondet, en brisant la loi tacite qui voudrait que le Premier ministre soit un compatriote Fang n’est en réalité qu’une récompense vis-à-vis d’une région qui a mouillé fortement le maillot pour la réélection d’Ali Bongo Ondimba. Continuer avec la tradition de la primature Fang aurait été perçu comme une trahison, voire de l’ingratitude par ceux qui se sont battus corps et âme pour sa réélection dans un contexte difficile où le moindre affichage du militantisme pro-Ali pouvait valoir quelques soucis.
Quid de l’ouverture annoncée ?
C’est une ouverture minimaliste pour un Gouvernement qui avait été annoncé comme celui de « large ouverture ». Exceptées les quelques entrées dont celle de Bruno Ben Moubamba, candidat malheureux avec un score qui ne dépasse pas la barre de zéro et poussière, et qui se voit désormais bombardé du titre de Vice-premier Ministre, Ministre d’Etat en charge de l’Urbanisme, et « quelques loques » dit-on de la société civile en perte de visibilité pour la plupart, c’est un échec d’ouverture par rapport à ce qui avait été annoncé en grande pompe. C’est du moins un pis-aller pour des personnalités qui ne représentent pas grand chose, sinon rien sur la scène politique nationale, mais qui auront tous les problèmes du monde à travailler dans un pays qui sort littéralement divisé d’un scrutin atypique, dont les séquelles ne vont pas s’émousser d’un revers de la main.
Surtout avec l’activisme des enseignants qui ont voté majoritairement pour l’opposition, notamment pour Jean Ping et qui menacent de paralyser la rentrée des classes, et toutes les autres grèves en suspens dans la quasi-totalité des autres secteurs, c’est un exercice mouvementé que s’apprêtent à vivre la quarantaine de Ministres, qui n’aura pas que du champagne plein le gosier et des missions dispendieuses à l’étranger, mais des soucis à la pelle. Et les soucis ils en auront sur la table, et ce pour toute la durée du mandat tant qu’il n’y aura pas un véritable dialogue politique, qui débouche sur la levée de l’immobilisme démocratique pour enfin dessiner les contours d’une République apaisée.