Le nouveau Premier ministre gabonais, Emmanuel Issoze Ngondet a rendu public son gouvernement dimanche comme promis mais sans que celui-ci ne soit véritablement pas ouvert.
Jeudi dernier, Issoze Ngondet a promis lors de sa première conférence de presse un « gouvernement largement ouvert aux forces vives de la nation qui réponde aux exigences d’une République plus juste et plus solidaire ».
La lecture de la liste des 40 ministres ne laisse pas croire que l’équipe est aussi largement ouverte. Il y a certes le titre ronflant de Vice-Premier ministre attribué à Bruno Ben Moubamba, ce jeune opposant qui a terminé 3ème lors de la dernière élection présidentielle. Il est certes opposant mais son score n’a pas atteint 1%. Il est dans la liste de ceux que les gabonais appellent les « Messiers 0% » c’est-à-dire toute cette pléiade de candidats dont le score est de 0, XX%.
Bruno Ben Moubamba devient comme cette unique hirondelle dans le ciel. Il ne fait donc pas le printemps.
La large ouverture aurait été symbolisée par l’entrée au gouvernement de Jean Ping qui a totalisé 47,24% des suffrages, selon les résultats officiels. Cependant, ni Ping, ni ses ténors n’ont mordu à l’appel du président de la République.
Le nouveau gouvernement donne plutôt l’allure d’une équipe semi-ouverte où siègent quelques opposants comme Biendi Maganga Moussavou, fils de Pierre Claver Maganga Moussavou, un des « Messieurs 0,XX% » lors du dernier scrutin.
Deux faits pourraient expliquer le refus de certains leaders politiques d’intégrer cette nouvelle équipe à la longévité, supposée, ultra-fragile.
1 – Les prochaines élections législatives prévues dans deux mois seulement. En décembre, si la majorité à l’Assemblée nationale change de camp, le gouvernement n’aurait vécu que deux mois. Difficile face à un tel calcul de prendre des risques.
2 – Le dialogue politique envisagé et voulu par Ali Bongo Ondimba. Le président réélu parle certes d’un dialogue sans tabou pour reformer le système politique (constitution, limitation des mandats…), toujours est-il que de telles rencontres s’achèvent généralement par un partage de gâteau. Une telle perspective aurait également motivé le refus de certains ténors de l’opposition. Certains rêvent en effet de monnayer très fort leur possible ralliement.
Du coup, la chasse au trésor a été difficile voire infructueuse pour l’ancien chef de la diplomatie gabonaise obligé de faire avec si peu.