Environ 70 personnes, dont plusieurs figures de l'opposition, étaient toujours en détention près d'un mois après le pic des violences post-électorales au Gabon, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
"Une trentaine de personnes" ayant fait l'objet d'un jugement en comparution immédiate sont toujours incarcérées, a confié sous couvert d'anonymat à l'AFP une source judiciaire. Elles devraient être fixées sur leur sort lors d'une audience le 4 octobre.
Par ailleurs, 39 personnes "mises en examen" pour leur rôle dans les émeutes et les pillages post-électoraux sont également toujours placées en détention "le temps de l'instruction", a précisé la même source.
Parmi les opposants toujours entre les mains de la justice, l'ex-député Bertrand Zibi Abeghe, qui avait démissionné en provoquant publiquement Ali Bongo par un discours en sa présence fin juillet.
Il est mis en examen pour "incitation à la révolte" et "actes de nature à troubler la paix publique" lors des événements post-électoraux, entre autres chefs d'accusation.
D'après son avocat français, Me Eric Moutet, "il est désormais détenu à l'isolement dans un cachot et plus personne ne peut le voir. Il risque de payer de sa vie le courage d'avoir démissionné face à Ali Bongo Ondimba en plein meeting électoral".
L'ex-patron du renseignement, Léon-Paul Ngoulakia, cousin du président passé à l'opposition, a bénéficié d'une liberté provisoire. Il reste cependant mis en examen pour "incitation à la révolte" et "détention (...) de tracts de nature à troubler la paix publique" saisis dans son véhicule, a expliqué la source judiciaire.
Un syndicaliste enseignant, Jean-Rémi Yama, arrêté depuis le 9 juillet lors d'une contre-manifestation à Libreville près d'un grand rassemblement pro-Bongo, est depuis toujours détenu à la prison centrale. Il a été entendu jeudi par un juge d'instruction, selon la même source.
Le Gabon a connu un pic de violences de 48 heures après l'annonce le 31 août de la victoire du chef de l'Etat sortant Ali Bongo, 57 ans, qui a prêté serment mardi pour un deuxième septennat.
Les violences ont fait trois morts selon le gouvernement, et plusieurs dizaines d'après l'opposition.
Des centaines de personnes avaient été arrêtées début septembre, dont une grande partie relâchées après plusieurs jours de détention dans des conditions éprouvantes et un simple rappel à la loi.
Des arrestations plus ciblées d'opposants ont eu lieu juste avant la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle la semaine dernière.