Libreville – Lors d’un point de presse tenu le mercredi 12 mars 2014, le Procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, Sidonie Flore Ouwé a annoncé l’enclenchement des poursuites judiciaires contre le directeur général de la Société d’Exploitation du Trans Gabonais (Setrag) dans l’affaire de la tragédie de Nkoltang où M. Ollomo Ondo, ses cinq enfants, ainsi que le fils de son voisin avaient été percutés par un train de la Setrag, le 3 février dernier.
« Garant de l’action publique, renforcée par la plainte des familles des victimes, j’ai donné instruction aux officiers de police judiciaire (OPJ) d’Owendo de vérifier les conditions et l’environnement de cette tragédie…il est remarquable au passage à niveau de Nkoltang, comme dans tous les passages à niveau du chemin de fer qu’il n’existe aucune implantation qui participerait de la sécurité des usagers de la voie ferrée, aucune barrière de sécurité par exemple n’est visible. Il est donc indéniable que Setrag a transgressé une obligation de sécurité ou de prudence…commettant mécaniquement l’infraction d’homicide involontaire prévue et puni par l’article 246 du code pénal », a indiqué Sidonie Flore Ouwé.
De sorte que si le Parquet de Libreville venait à boucler son enquête et que le tribunal reconnait SETRAG coupable d’homicide involontaire, son directeur général pourrait écoper jusqu’à cinq ans de prison et d’une amende allant jusqu’à un million de FCFA.
Selon certains juristes qui soutiendraient cette position du Parquet de Libreville, vu le nombre de morts causés du fait d’avoir été percuté par un train SETRAG, il y aurait donc des homicides involontaires et débat sur la cause de l’accident et les irresponsabilités qui se discuteraient finalement entre la violation par SETRAG de l’obligation de sécurité et de prudence et l’imprudence éventuelle de la victime elle-même.
Le débat, les cheminots n’ont pas attendu le procès pour l’engager. Ils estiment que la faute incombe à l’Etat et non à leur entreprise.
En effet, quelques jours après l’échange du Procureur de la République avec les journalistes, les agents de la SETRAG, réunis dans une coalition des syndicats, ont exprimé leur colère en donnant un avis contraire à celui du Parquet. Selon eux, le tord reviendrait à l’Etat et non à la société brandissant des dispositions de la convention de concession de gestion et l’exploitation du Transgabonais conclue entre SETRAG et l’Etat gabonais.
« Les passages à niveau à l’intersection des lignes ferroviaires du domaine ferroviaire concédé et des voies routières publiques sont autorisés par arrêté du ministre chargé des routes, le concessionnaire entendu. L’arrêté précise les équipements à mettre en place et les conditions de l’éventuel gardiennage du passage par la concession. Les travaux routiers et ferroviaires de création du passage sont réalisés et financés par l’Etat », ont déclaré les cheminots demandant ainsi au Parquet de poursuivre l’Etat et non SETRAG sinon une grève générale illimitée sera déclenchée à titre de protestation.
Signalons que dans le cadre de cette affaire, le Directeur Général de SETRAG a déjà été gardé à vue pendant 13 heures à la Direction Générale des Recherches (DGR).
Le Transgabonais est le chemin de fer du Gabon, dont le premier tronçon fut mis en service en 1978, composé d’une unique ligne de 669 km reliant Owendo, port minéralier situé dans la banlieue de la capitale Libreville, à Franceville (Haut-Ogooué), située sur le fleuve Ogooué. C’est un chemin de fer à vocation essentiellement minéralière et de transport de marchandises, assurant le transport de grumes et de minerai de manganèse. Exploité à l’origine par un organisme étatique, l’OCTRA (Office du chemin de fer transgabonais), il fut privatisé en 1999. La société d’exploitation est depuis 2003 la SETRAG (groupe ERAMET). Les accidents.