Venus de Libreville et de bien d’autres villes du pays, les militants et membres du bureau national de l’Union nationale se sont donnés 72 heures pour établir le diagnostic de leur parti, dissous en janvier 2011 par le ministre de l’Intérieur, mais également pour prescrire les stratégies relatifs aux défis à venir.
Quatre ans après sa création, la grande famille de l’Union nationale a jugé utile et nécessaire de s’asseoir pour regarder ensemble ce qui a marché, ce qui n’a pas fonctionné et ce qu’il faudrait améliorer pour atteindre les objectifs arrêtés le 10 février 2010, lors de la création de cette formation politique.
Ainsi, les 14, 15 et 16 mars derniers ont été organisées, à Libreville, les premières journées de réflexion de ce parti de l’opposition. La situation de l’Union nationale (UN), son fonctionnement, son financement, sa réhabilitation, la mobilisation et la remobilisation de ses militants, ont ainsi été méticuleusement examinés. Outre la vie de cette structure politique, d’autres sujets se rapportant à la nation gabonaise ont été abordés. Notamment, le mode d’organisation de tout scrutin uninominal, le nombre de mandats du président de la République, les conditions de vie des Gabonais ou encore la tenue en laisse des médias de service public.
Sanctionnés par des recommandations à l’endroit du directoire de ce parti passé à la quasi clandestinité, ces trois derniers jours d’échanges auront été «constructifs et passionnés parfois» pour les participants qui jugent urgente la tenue d’une conférence nationale souveraine «pour permettre à l’ensemble des forces vives de la nation de formuler des mesures consensuelles, globales et pertinentes à même d’amener le Gabon à surmonter la crise morale, politique, institutionnelle, économique, sociale et culturelle qu’il traverse depuis 2009».
«Je suis convaincu que le renouveau de notre combat est en marche, que l’unité de tous les démocrates est possible. Comme vous, je vois les lignes bouger. Je sais que si nous nous organisons, le basculement politique pour lequel nous luttons va se produire», a témoigné le président du parti, Zacharie Myboto.
Au nombre des recommandations et exigences, on retiendra, entre autres, la convocation de la tenue d’un congrès ; la réhabilitation sans délais de l’UN ; la conception et la diversification des stratégies de mobilisation des finances ; la mise en place urgente d’un groupe de travail aux fins de formuler les propositions de l’UN sur les modalités de désignation des présidents et membres des institutions constitutionnelles ; la limitation du nombre et la durée des mandats du président de la République ; le retour aux élections à deux tours ; la création d’une station de radiodiffusion télévision ; l’élaboration d’une plate-forme commune avec les autres forces du changement, ; la mise en place d’un organe interne de préparation et de contrôle des scrutins ; la saisine urgente de la commission des droits de l’homme de l’ONU au sujet de la confiscation des salaires des fonctionnaires membres du gouvernement alternatif du 25 janvier 2011 ; la mise en œuvre urgente des mesures adoptées en son temps concernant le financement du parti, principalement celles relatives à la collecte des cotisations des militants ; la promotion de l’éducation et de la formation pour la jeune fille ; la responsabilisation des femmes pour une prise de conscience et une affirmation de leur rôle et de leur place dans le parti ; l’incitation des femmes de l’union nationale à la création de structures associatives…
«Les propositions pertinentes qui ont été formulées vont constituer la feuille de route de notre parti pour les prochaines semaines et les prochains mois. Nous considérons ces recommandations et propositions comme mandat confié au bureau national en vue des échéances futures. Dans les prochains jours, nous nous réunirons pour prendre toutes les initiatives et toutes les décisions pour leur mise en œuvre», a garanti Zacharie Myboto, non sans relever que «la situation du pays devient chaque jour de plus en plus critique. Le pouvoir établi est de plus en plus impuissant, dépassé par les évènements, divisé. Son incompétence et son amateurisme ne sont plus un secret pour personne. Et les Gabonais de toutes les classes sociales n’en peuvent plus de ce pouvoir insouciant, téméraire».