Au sortir de la toute dernière élection présidentielle au Gabon, prise en otage du point de vue médiatique par des télévisions du Cameroun ayant totalement éclipsé la mère des télévisions du Gabon (Gabon Télévision, ancienne RTG), de nombreux téléspectateurs s’arrachent les cheveux du fait de l’état stationnaire de la télévision gabonaise de service public. Ce qui a ramené au souvenir d’un article publié pour la première fois le 7 juillet 2011. Presque pas retouché, cet article est d’une troublante actualité, 5 ans après. Rien n’a donc évolué ?
S’il te plait, François, dessine-moi la télévision gabonaise. Avec joie, mon petit ! Prends un carnet et tu verras qu’il est très facile de la dessiner, même si c’est un petit exercice énervant.
Premier élément du dessin
Le premier élément se dessine en traçant un petit cercle. Le cercle du «sublime zéro» qu’est l’homo RTGécus (l’homme de la RTG). S’il n’est pas un zéro, comment comprendre que depuis 56 ans, cette télévision n’a jamais évolué au point de contraindre les Gabonais qui disposent des chaines satellitaires à ne plus la regarder. L’homo RTGécus (l’homme de la RTG) est l’Adam, l’homme primordial de tous ceux qui travaillent dans les télévisions du Gabon. C’est l’homo RTGécus qui a posé les bases et les normes pratiquées actuellement dans toutes les télévisions du Gabon.
Pris individuellement, le moindre agent de la RTG démontre systématiquement, avec des arguments fort légers, qu’il est «bon», chevronné, mais que tous les autres sont mauvais, incompétents. Il est pourtant connu de tous que la RTG est le royaume des pantouflards quand ce n’est pas une sinécure pour certains. Il ne saurait en être autrement. Car, s’il y a des gens bien formés ou hautement instruits et cultivés à la RTG, le niveau moyen dans cette administration disqualifie tout le personnel à bien de prétentions sur le champ télévisuel international. C’est pourquoi les questions sont toujours au ras des pâquerettes et éternellement les mêmes dans les reportages et interviews et c’est pourquoi, récemment de passage à Libreville, Jeffrey Feltman (secrétaire général adjoint des Nations-unies aux Affaires politiques) ne pouvait être reçu sur un plateau de télévision pour une interview prospective et analytique de niveau honorable.
Alors que la télévision a presque fusionné avec l’ordinateur et que n’importe quel quidam muni de logiciels appropriés peut le faire, la RTG n’a jamais pu réaliser un véritable ralenti du déroulement d’une action ; ce ralenti si apprécié par les téléspectateurs des matchs de football. Et, alors que l’image de synthèse et autres effet spéciaux envahissent la télévision, l’homo RTGécus n’est toujours pas sorti de la préhistoire des techniques télévisuelles. L’évolution technologique et technique de l’homo RTGécus semble s’être arrêtée au milieu des années 70. Zéro en assimilation des connaissances, en remise à niveau.
Deuxième élément du dessin
Le second élément se représente en dessinant une croix à la droite du zéro ci-dessus explicité. Cette croix représente l’addition. Car, à la RTG, on additionne la médiocrité à la médiocrité. D’ailleurs, l’élévation intellectuelle réelle de la maison pousse ceux qui y campent confortablement à ne pas favoriser l’arrivée de personnes susceptibles d’élever un tant soit peu le niveau, de le tirer vers le haut. On y recherche toujours le «nyakoué», celui qui ne pourra faire de l’ombre à ceux qui y sont déjà. Ce qui explique les difficultés d’intégration des bons collaborateurs extérieurs.
Cette addition du médiocre avec le médiocre mine surtout la haute sphère, le high level du Landerneau médiatique national. Le signe de croix (+) ou signe du «plus» renvoie également à l’addition des billets de banque. Car, la RTG est une véritable machine à sous, objet de toutes les convoitises, de toutes les magouilles, toutes les bassesses. Nous reviendrons un jour, mon fils, sur l’argent de la RTG, cet univers où l’affairisme interlope s’additionne à la concussion éhontée. L’argent est le Sida de la RTG, disait Alain Dickson dans les années 90.
Troisième élément du dessin
Le 3è élément de notre dessin se conçoit comme un autre petit cercle, identique au premier mais dessiné à droite du signe «plus» (+). Ce second zéro représente le néant logistique, technologique et artistique de la télévision gabonaise. Les nombreux ministres qui ont eu, durant les 50 dernières années, le devoir d’impulser la politique télévisuelle de la RTG, n’ont jamais eu d’idéal, ni même de programme en la matière. La télévision au Gabon n’a jamais été pensée comme pouvant être la vitrine du pays, elle n’a toujours été qu’un miroir pour autocrates narcissiques. C’est pourquoi, tant qu’ils peuvent se regarder à la télévision à travers des shows médiatiques indigestes, ils n’en ont cure du manque de matériel, de logistique ou encore de coller à l’évolution du domaine télévisuel mondial. Au pays du contreplaqué, les décors de plateaux sont quelconques (tiens, des efforts ont été notés depuis l’arrivée de Bilie-By-Nze au département de la Communication) tandis que les émissions ne sont qu’une longue déclinaison sur le même thème. L’outil fondamental de la télévision, la caméra, se dispute à la RTG, alors que l’on truffe d’autres administrations de véhicules inutiles. Voilà pour le zéro, ou le néant technologique.
Le quatrième élément permettant de dessiner la télévision gabonaise se représente en traçant deux petites lignes parallèles qui donnent le signe «égal» ( = ). Il représente le rendu, la facture, la qualité de la télévision gabonaise. Plus simplement, ce signe représente ce qui sort des écrans de la RTG toutes chaînes confondues : des programmes insipides, rébarbatifs, indigestes, d’un niveau à pousser au suicide tout nationaliste-intégriste, car confinant à la cécité du peuple. Pas besoin d’en dire trop. Il n’y a qu’à regarder.
Voilà, mon fils, le dessin de la télévision gabonaise : 0+0 =. A toi de tracer le dernier élément de cette caricature. En déplaçant le signe «égal» ( = ) juste en dessous du signe «+» et en disposant la réponse de cette addition de manière à ce qu’elle encercle toutes les autres composantes du dessin, on peut voir apparaitre le portrait-robot de la TV gabonaise.